Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/469

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d’hérétiques, avérés ou imaginaires, nous voudrions n’avoir à reprocher que des chansons.

Sur quelques vices communs, tant à la ville qu’à la cour, sur l’hypocrisie, par exemple, Robert s’exprimait ainsi : « Une grande querelle s’étant élevée entre les quadrupèdes et les oiseaux, au jour fixé pour combattre, la chauve-souris s’absenta, se disant : « Je n’irai pas à la bataille, mais je verrai, la guerre finie, quel parti se portera le mieux, et je passerai de son côté. » Après le combat, les deux partis comptant beaucoup de morts et de blessés, les quadrupèdes rencontrent les premiers la chauve-souris. « Arrêtez, s’écrient-ils, tuez, pendez cet ennemi. — Ah ! mes bons amis, leur répond-elle. Que dites-vous ? Je suis des vôtres » ; et leur montrant ses quatre pattes, elle se tire d’affaire. Les oiseaux l’ayant ensuite abordée, elle leur montre ses ailes et s’esquive de même. Combien je connais de gens semblables ! Sont-ils avec des dévots, des religieux, ils disent : « Priez pour moi ; » et font le coq mouillé, contrefont la Madeleine, faciunt gallum implutum et contrefaciunt Magdalenam ; mais sont-ils avec des mondains, ils les imitent, s’ils ne vont pas plus loin qu’eux, se gaussant, pour obtenir leurs bonnes grâces, des religieux et des béguines. »

Il ne pouvait être plus indulgent à l’égard des libertins. « Une femme, disait-il, vend son honneur pour une pelisse ou quelque chose de semblable. Elle fait certes un mauvais marché et cette femme est très sotte. Mais les hommes sont, hélas ! bien plus sots, car du moins cette femme a le salaire qu’elle a voulu, tandis que, pour perdre leur honneur, les hommes vident leur bourse. Si quelqu’un portant cent marcs prenait à ses gages un voleur qu’il chargerait de le dépouiller, vous penseriez que c’est un fou. Eh bien ! n’est-il pas plus fou celui qui donne ses écus pour perdre son honneur ? C’est, d’ailleurs, les donner pour aller en enfer. Sainte Marie, je ne voudrais pas aller en enfer pour tout l’or du monde, et, toi, tu payes pour y aller ? » Sur les médisants, il s’exprimait ainsi : « Ils ressemblent aux araignées, qui, se posant sur la plus belle fleur, n’en tirent que du venin. S’ils voient, par exemple, un homme jeûner : « Tiens, disent-ils, c’est qu’il vient d’assister à la mort de son âne ; » ou bien encore, « à la