Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/472

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traitait si mal, c’était Albert le Grand, Jean de la Rochelle, saint Thomas, saint Bonaventure. Enviait-il leur gloire ? Peut-être un peu, sans se l’avouer ; mais ce mauvais sentiment ne le dominait pas. Il leur reprochait aux uns comme aux autres, sans vouloir entrer dans leurs querelles, de faire passer la religion pratique après la théologie contentieuse. Cet hôte magnifique des pauvres écoliers n’acceptait que la science strictement limitée. S’il avait pu soupçonner tout ce qu’on devait enseigner un jour dans sa maison, la glorieuse Sorbonne, assurément il en aurait frémi d’horreur ! Il disait : « Les livres sur lesquels nos docteurs pâlissent, les livres des Priscien, d’Aristote, de Justinien, de Gratien, d’Hippocrate, sont, j’en conviens, de très beaux livres ; mais ils n’enseignent pas la voie du salut. » Pas même, qu’on le note, ceux de Gratien, l’authentique greffier de la cour romaine. Ainsi Robert plaçait au même rang l’étude du droit canonique et celle du droit civil. Vaines études ! Pouvait-il mieux traiter cette théologie mêlée de philosophie, qui fut si longtemps la passion du jeune clergé ? « Voulez-vous savoir, disait-il un jour, quel est le plus grand clerc ? Non certes, ce n’est pas celui qui, après avoir longtemps veillé devant sa lampe, s’est fait recevoir à Paris maître ès arts, docteur en décret, en médecine, etc. ; c’est celui qui plus aime le Seigneur. » Il disait encore : « Un évêque qui se rend à Rome et ne sait pas son chemin, n’attend pas un roi, un autre évêque pour le leur demander ; mais très volontiers il le demande aux bergers, même aux lépreux qu’il rencontre. Or, voilà des gens qui ne veulent apprendre la route du paradis que de grands clercs, de grands docteurs. « De quoi vous mêlez-vous, crient-ils, prédicateur ? Où vous a-t-on enseigné la théologie ? » Eh bien ! je prétends que ces gens-là ne veulent pas aller au paradis, bien qu’ils disent le contraire. » Robert était simplement moraliste, et, regardant la morale comme la seule science positive, il professait pour les médecins, les grammairiens, les canonistes, le même dédain que pour les métaphysiciens. — Maintenant, les confesseurs. Il ne voulait pas, cela va sans dire, qu’ils fussent trop indulgents, comme celui-ci, par exemple : « Il y avait un particulier qui cherchait toujours les pires confesseurs. Quand il