Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/471

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sermon, ils l’escortent dans le cloître pour lui souffler à l’oreille : « Ah ! soyez bref ! soyez bref ! » C’est pourquoi, dès qu’ils sont réunis au chapitre : « Tout serviteur de Dieu, s’écrie le prédicateur, écoute les paroles de Dieu. Vous n’êtes pas les serviteurs de Dieu, si vous n’écoutez pas les paroles de Dieu. Donc vous êtes les serviteurs du diable. Est-ce assez bref ? » Et cela dit, il s’en alla. » S’agit-il des clercs séculiers ? « Ils chantent si haut, dit Robert, qu’ils mettent en fuite les corbeaux assemblés sur le clocher de l’église, mais leur cœur est ailleurs. Ils crient au Seigneur de leur montrer sa face, et ils lui tournent, eux, le dos. » Il va de soi que Robert désapprouve le cumul des bénéfices. En autorisant, disons plus, en favorisant cet abus, la trop grande facilité des papes en avait fait naître un autre, non moins grave, l’abus des vicariats. Que les curés vivent dans leurs églises et qu’on ne les voie pas ailleurs ! Nulle part ailleurs, ajoutait fermement Robert ; et pour démontrer l’inconvenance, l’irrégularité de leurs trop fréquentes absences, il raisonnait ainsi en bon logicien : « Le troupeau est la matière, le pasteur la forme. Or, dit le philosophe, séparée de la forme, la matière tend au néant. Si donc le pasteur s’éloigne de son église, le troupeau, séparé de son pasteur, périt, s’anéantit. — Mais, répondaient quelques curés, on veut que nous soyons théologiens, et nous ne pouvons le devenir sans aller aux écoles apprendre la théologie. Il nous faut donc quitter nos églises et nous y faire remplacer. — Non pas ! répliquait Robert, ces grands docteurs de Paris, qui font profession d’enseigner la théologie, ce sont des gens pleins d’orgueil qui, dans le cours d’une année, ne gagnent pas une âme au Seigneur. D’eux, on peut dire (avec la chanson) :

    Blanche berbis, noire berbis,
    Au tant mest se muers com se vis.

Mais le bon curé, le curé sans tache, sans reproche, qui naïvement observe la loi de Dieu, voilà le théologien dont les leçons profitent. »

Ces grands docteurs de Paris, contemporains de Robert, qu’il