Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/477

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Rutebeuf ne s’est pas borné à intervenir, par de sages avis, dans les dissensions intestines qui divisaient les écoliers, il a pris avec la plus vive énergie la défense de l’Université de Paris contre l’envahissement des Jacobins. Cette grande querelle est un épisode de la rivalité entre les ordres mendiants et le clergé séculier. Car il ne faut pas oublier que les universités du moyen âge n’étaient pas des universités laïques ; c’est aux prêtres séculiers que les réguliers disputaient le privilège d’enseigner….

A la faveur des troubles, causés par une échauffourée d’étudiants, qui agitèrent l’Université et interrompirent les cours au commencement du règne de saint Louis, les Dominicains obtinrent de l’évêque de Paris d’abord une première chaire de théologie, et bientôt une seconde, où ils donnèrent à l’origine des leçons privées, puis, malgré l’opposition du chancelier, des cours publics. Une fois installés dans l’Université, ils cherchèrent à s’y rendre indépendants : ils refusèrent de faire cause commune avec les autres maîtres et d’observer les statuts. Menacés d’exclusion, ils accusèrent leurs collègues séculiers de conspirer contre l’Église et le roi, et portèrent l’affaire devant le pape, qui devait leur donner raison. C’est à cette occasion que Rutebeuf rima la Discorde de l’Université et des Jacobins :

    Rimer me faut une discorde
    Qu’à Paris a semé Envie
    Entre gens qui miséricorde
    Vont prêchant et honnête vie.
    De foi, de pais et de concorde
    Est leur langue toute remplie,
    Mais leur manière me rappèle
    Que dire et faire sont bien deus.

Ils guerroient pour une école où ils veulent enseigner par force, et ils oublient ce qu’ils doivent à l’Université.

    Chacun d’eus devrait être ami
    De l’Université vraiment,
    Car l’Université a mis
    En eus tout le bon fondement,
    Livres, deniers et pain et gages.
    Maintenant le lui rendent mal,