Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/478

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    Car ceus-là détruit le Démon
    Qui plus l’ont servi longuement.

Ils ont mis l’Université du trot au pas. Il y a des gens qu’on héberge et qui veulent chasser ensuite le maître du logis.

    Jacobins sont venus au monde
    Vêtus de robe blanche et noire.
    Toute bonté en eus abonde.
    Le peut quiconque voudra croire.
    Si par l’habit sont nets et purs,
    Vous savez, c’est vérité sûre,
    Si un loup avait chape ronde,
    Bien ressemblerait il à prêtre.

    …Car si Renard ceint une corde
    Et revêt une cotte grise,
    N’en est pas sa vie plus pure :
    Rose est bien sur épine assise.

Ils peuvent être braves gens, dit en terminant Rutebeuf, je veux bien que chacun le croie. Mais le procès qu’ils font à Rome à l’Université est une raison de ne pas le croire. Et il résume ainsi son opinion sur les Jacobins : « Quelque objet qu’ils missent en gage, je ne paîrais pas la pelure d’une pomme de leur dette »….

Le défenseur le plus hardi de l’Université fut l’un des professeurs séculiers, Guillaume de Saint-Amour. Il traite les frères mendiants aussi rudement que Rutebeuf, les qualifiant de pseudo-prédicateurs, hypocrites, inquisiteurs (domos penetrantes), oisifs et vagabonds. En chaire et dans ses écrits il combat l’institution même des nouveaux ordres ; il demande s’il est permis à un homme de donner tout ce qu’il possède de façon à ne rien garder pour soi et à être ensuite forcé de mendier, et si on doit faire l’aumône au mendiant valide, même lorsqu’il est pauvre. A ses yeux l’Évangile éternel est impie, sacrilège et dangereux, et il écrit pour le prouver le livre des Périls des derniers temps. Comme il est naturel, les ordres mendiants rendaient coup pour coup. Cette guerre dura sept ans, de 1250 à 1257. Le pape condamna successivement les deux livres, à une année de distance.