Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/49

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curés avec les augustales. C’est ainsi que la géographie ecclésiastique d’un pays est, à très peu de chose près, la géographie de ce même pays à l’époque romaine. Le tableau des évêchés et des archevêchés est celui des civitates antiques, selon leurs liens de subordination. L’empire fut comme le moule où la religion nouvelle se coagula. La charpente intérieure, les divisions hiérarchiques, furent celles de l’empire. Les anciens rôles de l’administration romaine et les registres de l’Église au moyen âge et même de nos jours ne diffèrent presque pas.

Rome était le point où s’élaborait cette grande idée de catholicité. Son Église avait une primauté incontestée. Elle la devait en partie à sa sainteté et à son excellente réputation. Tout le monde reconnaissait que cette Église avait été fondée par les apôtres Pierre et Paul, que ces deux apôtres avaient souffert le martyre à Rome, que Jean même y avait été plongé dans l’huile bouillante. On montrait les lieux sanctifiés par ces Actes apostoliques, en partie vrais, en partie faux. Tout cela entourait l’Église de Rome d’une auréole sans pareille. Les questions douteuses étaient portées à Rome pour recevoir un arbitrage, sinon une solution. On faisait ce raisonnement que, puisque Christ avait fait de Céphas la pierre angulaire de son Église, ce privilège devait s’étendre à ses successeurs. L’évêque de Rome devenait l’évêque des évêques, celui qui avertit les autres…. L’ouvrage dont fit partie le fragment connu sous le nom de Canon de Muratori, écrit à Rome vers 180, nous montre déjà Rome réglant le Canon des églises, donnant pour base à la catholicité la Passion de Pierre…. Les essais de symbole de foi commencent aussi, dans l’Église romaine, vers ce temps. Irénée réfute toutes les hérésies par la foi de cette Église, « la plus grande, la plus ancienne, la plus illustre ; qui possède, par une succession continue, la vraie tradition des apôtres Pierre et Paul, à laquelle, à cause de sa primauté, propter potiorem principalitatem, doit recourir le reste de l’Église ». Toute Église censée fondée par un apôtre avait un privilège ; que dire de l’Église que l’on croyait avoir été fondée par les deux plus grands apôtres à la fois ?

…On peut dire que l’organisation des Églises a connu cinq