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VIII. — LES ANCIENNES RECETTES D’ORFÈVRES ET LES ORIGINES DE L’ALCHIMIE.


Le traité relatif aux métaux précieux qui se trouve dans le Recueil intitulé Mappæ clavicula (on en conserve à Schlestadt un manuscrit du Xe siècle) offre un grand intérêt, parce qu’il présente de frappantes analogies avec le papyrus égyptien de Leyde, trouvé à Thèbes, ainsi qu’avec divers opuscules antiques, tels que la Chimie dite de Moïse. Plusieurs des recettes de la Mappæ clavicula sont non seulement imitées, mais traduites littéralement de celles du papyrus et de celles de la collection des alchimistes grecs : identité qui prouve sans réplique la conservation continue des pratiques alchimiques, y compris celle de la transmutation, depuis l’Égypte jusque chez les artisans de l’Occident latin. Les théories proprement dites n’ont reparu en Occident que vers la fin du XIIe siècle, après avoir passé par les Syriens et par les Arabes. Mais la connaissance des procédés eux-mêmes n’avait jamais été perdue. Ce fait capital résulte surtout de l’étude des alliages destinés à imiter et à falsifier l’or, recettes d’ordre alchimique, car on y trouve aussi la prétention de le fabriquer. Les titres sont à cet égard caractéristiques : « pour augmenter l’or ; pour faire de l’or ; pour fabriquer l’or ; pour colorer (le cuivre) en or ; faire de l’or à l’épreuve ; rendre l’or plus pesant ; doublement de l’or ». Ces recettes sont remplies de mots grecs qui en trahissent l’origine.

Dans la plupart, il s’agit simplement de fabriquer de l’or à bas titre, par exemple en préparant un alliage d’or et d’argent, teinté au moyen de cuivre. Mais l’orfèvre cherchait à le faire passer pour de l’or pur. Cette fraude est d’ailleurs fréquente, même de notre temps, dans les pays où la surveillance est imparfaite. Notre or dit au 4e titre prête surtout à des fraudes dangereuses, non seulement à cause de la dose considérable de cuivre qu’il renferme, mais parce que chaque gramme de ce