des opérations, et c’est par là que l’alchimie est restée intimement liée avec la magie, au moyen âge, aussi bien que dans l’antiquité.
Mais quand la civilisation a commencé à reparaître pendant le moyen âge latin, vers le XIIIe siècle, au sein d’une organisation nouvelle, nos races se sont reprises de nouveau au goût des idées générales, et celles-ci, dans l’ordre de la chimie, ont été ramenées par les pratiques, ou plutôt elles ont trouvé leur appui dans les problèmes permanents soulevés par celles-ci. C’est ainsi que les théories alchimiques se sont réveillées soudain, avec une vigueur et un développement nouveaux, et leur évolution progressive, en même temps qu’elle perfectionnait sans cesse l’industrie, a éliminé peu à peu les chimères et les superstitions d’autrefois. Voilà comment a été constituée en dernier lieu notre chimie moderne, science rationnelle établie sur les fondements purement expérimentaux. Ainsi, la science est née à ses débuts des pratiques industrielles ; elle a concouru à leur développement pendant le règne de la civilisation antique : quand la science a sombré avec la civilisation, la pratique a subsisté et elle fournit à la science un terrain solide, sur lequel celle-ci a pu se développer de nouveau, quand les temps et les esprits sont redevenus favorables. La connexion historique de la science et de la pratique, dans l’histoire des civilisations, est ainsi manifeste : il y a là une loi générale du développement de l’esprit humain.
M. BERTHELOT, dans la Revue des Deux Mondes, 1er septembre 1892.