Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/507

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[Illustration : Un jongleur, d’après une miniature.]

forme de chanson de geste. Sous le règne court et agité d’Étienne, nous devons surtout mentionner la grande histoire des rois anglais de Geoffroi Gaimar, dont les poèmes historiques de Wace devaient faire oublier le succès. Mais c’est le règne de Henri II qui fût l’âge d’or des lettres françaises en Angleterre. Ce prince, qui joignait aux talents d’un politique habile et d’un grand roi les qualités les plus brillantes de l’esprit, donna à sa cour un éclat inouï, où la splendeur matérielle était rehaussée par la recherche des plaisirs plus délicats de l’esprit. Il joignait à l’amour de la poésie de pure imagination la curiosité de l’esprit et le goût de l’étude ; seulement il était lettré et n’avait pas besoin de se faire lire les livres français et traduire les livres des clercs. Aussi son influence s’exerça-t-elle surtout sur la poésie, dans laquelle il appréciait avant tout les qualités de correction et d’élégance. « J’ai l’avantage, disait Benoît de Sainte-More, de travailler pour un roi qui sait mieux que personne distinguer et apprécier un ouvrage bien fait, bien composé et bien écrit. » Les poètes français les plus distingués, Garnier de Pont-Sainte-Maxence, Marie de France, peut-être Chrétien, venaient en Angleterre écrire ou publier leurs ouvrages ; à côté d’eux, des Anglais, comme Thomas, Simon de Fresne, Huon de Rotelande, Jordan Fantôme, d’autres encore, commençaient cette littérature anglo-normande qui devait durer au siècle suivant et ne mourir qu’après avoir suscité et fécondé la véritable littérature anglaise. A côté des romans de la Table