Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/536

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l’ouverture de quelque tombeau d’évêque ou d’abbé n’en mette une au jour. Tous les types qu’elles peuvent présenter sont aujourd’hui connus ; et les crosses du genre de la crosse dite de Ragenfroid, provenant de Saint-Père de Chartres (Musée de Bargello, à Florence), complètement entaillée, à sujets fort compliqués, constituent une très rare exception. Mentionnons enfin un type peu commun dans lequel une figure d’ange est interposée entre le nœud et la volute….

Mais arrivons aux châsses, les pièces les plus importantes parmi toutes celles qu’a créées l’industrie limousine.

Du XIIe au XIVe siècle, la châsse limousine est une boîte en forme de sarcophage ou de maison surmontée d’un toit très aigu. Cette construction, jusque vers la fin du XIIIe siècle, se fait en bois recouvert de plaques de cuivre, assemblées fort grossièrement sur ce bâti. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle apparaît la coutume de supprimer la construction en bois : les châsses, de forme plus allongée, plus hautes sur pieds, sont alors composées de simples plaques de cuivre réunies aux angles par tenons et mortaises. L’ouverture de la châsse, au lieu d’être pratiquée dessous ou à l’une de ses extrémités, est placée sur le dessus ; le toit forme couvercle ; il est muni de charnières et d’une serrure à moraillon.

Par exception la châsse limousine peut comporter une imitation lointaine d’un édifice d’architecture, d’une église dont la nef serait sectionnée dans la longueur par un ou plusieurs transepts. L’exemple le plus compliqué que l’on puisse citer en ce genre est la belle châsse provenant de Grandmont et conservée aujourd’hui à Ambazac (Haute-Vienne) avec la dalmatique de saint Étienne de Muret.

[Illustration : Châsse d’Ambazac (Haute-Vienne). (Limoges. Fin du XIIe siècle. Revers.)]

Cette châsse, une des grandes œuvres limousines connues aujourd’hui (longueur 0 m. 73 ; hauteur 0 m. 63), se compose d’une nef flanquée de bas côtés peu saillants. La nef principale est sectionnée dans sa longueur par trois transepts qui, du reste, ne débordent point sur les bas côtés. C’est à tort que l’on a voulu voir dans cette disposition une imitation de la grande châsse des rois, à Cologne, avec laquelle elle ne présente aucune ressemblance, ni sous le rapport de la construction ni sous le