Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/547

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il copie la rose existante encore aujourd’hui. Enfin, l’album atteste un long séjour de l’auteur en Hongrie.

Il est à regretter que le manuscrit de Villard de Honnecourt fournisse moins de renseignements sur ses travaux comme architecte que sur ses pérégrinations. On n’y voit qu’une composition signée de lui ; encore en partage-t-il le mérite avec un confrère. Cet ouvrage consiste en un plan de sanctuaire pour une église de premier ordre. Le chœur est enveloppé d’une double galerie et de neuf chapelles, les unes de forme carrée, les autres en hémicycle. Elles alternent sur ce double patron à droite et à gauche de l’abside qui est carrée.

Dans l’intérieur, on lit cette légende : Istud bresbiterium[1] invenerunt Vlardus de Hunecort et Petrus de Corbeia inter se disputando.

Ainsi cette disposition insolite fut le résultat d’une conférence entre Villard et un sien confrère appelé Pierre de Corbie ; rien n’indique d’ailleurs qu’elle ait été exécutée….

Des dates certaines permettent de faire sortir Villard de la grande école du temps de Philippe Auguste ; elles le placent au beau milieu de cette génération d’hommes par l’industrie de qui le genre gothique atteignit, comme système de construction, ses derniers perfectionnements[2]….

  1. C’est-à-dire le « Chœur ».
  2. [Depuis la publication de l’article de M. J. Quicherat, de nombreux savants ont repris et approfondi l’étude de l’Album de Villard de Honnecourt (Voy. notamment la publication de l’Album, en fac-similé, par M. de Lassus (Paris, 1858, in-4º), et C. Enlart, dans la Bibliothèque de l’École des chartes, 1895, p. 1). — Des travaux de M. Bénard, « il ressort que Villard était Picard, qu’il a presque certainement bâti l’église de Saint-Quentin et que par contre rien n’autorise beaucoup plus à lui attribuer des travaux dans la cathédrale de Cambrai que dans celle de Reims ». — « Les chantiers de l’abbaye cistercienne de Vaucelles, dit M. Enlart, à six kilomètres de Honnecourt, sur l’autre rive de l’Escaut, ont été probablement l’école où Villard dut recevoir les premiers enseignements de son art. » Et cet auteur pense que ce sont les Cisterciens de Vaucelles qui recommandèrent notre architecte à leurs confrères de Hongrie. « Beaucoup d’architectes français du XIIe et du XIIIe s., dit-il, ont été mandés à l’étranger par des évêques, notamment en Espagne, où la plupart de ces prélats appartenaient à l’ordre de Cluny ; en Suède, où le premier archevêque d’Upsal, ancien écolier de Sorbonne, avait pu connaître Etienne de Bonneuil à Paris ; en Danemark enfin où l’archevêque Absalon fonda en même temps l’abbaye cistercienne de Sorö et la cathédrale de Roskilde, qui ressemble à celles d’Arras, Noyon et Cambrai, et qui ne peut être que l’œuvre d’un Français du nord. Rien n’empêche que Villard ait travaillé de même pour les évêques de Hongrie,… mais il est beaucoup plus probable que c’est pour le service des Cisterciens que fut appelé un architecte qui possédait leurs traditions. »]