Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/62

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propriétaires, et que la terre, qui était une source de revenus, n’est plus qu’une occasion de dépense. Ce sont là des symptômes graves ; et pourtant Symmaque, qui les voit, qui les signale, n’en paraît pas alarmé. C’est que le mal était ancien, qu’il avait augmenté peu à peu, et que, depuis le temps qu’on en souffrait, on s’y était accoutumé. Comme Rome persistait à vivre, malgré les raisons qu’elle avait de mourir, on avait fini par croire qu’elle vivrait toujours. Jusqu’au dernier moment on s’est fait cette illusion, et la catastrophe finale, quoiqu’on dût s’y attendre, fut une surprise. C’est ce que les lettres de Symmaque mettent en pleine lumière ; elles nous montrent à quel point des politiques nourris des leçons de l’histoire, et qui connaissaient à fond les temps anciens, peuvent se tromper sur l’époque où ils vivent ; elles nous font assister au spectacle, plein de graves enseignements, d’une société fière de sa civilisation, glorieuse de son passé, occupée de l’avenir, qui pas à pas s’avance jusqu’au bord de l’abîme, sans s’apercevoir qu’elle y va tomber.

G. BOISSIER, La fin du paganisme, t. II, Paris, Hachette, 1894, in-16.

BIBLIOGRAPHIE. — T. Hodgkin, Italy and her invaders, t. I^1 et II^2 [Sur les invasions visigothiques, hunniques et vandales en Italie], t. III et IV [Sur l’invasion ostrogothique et la restauration de l’Empire], t. V et VI [Sur les Lombards, jusqu’en 744], Oxford, 1892-1895, in-8º. — Cf. C. Cipolla, Per la storia d’Italia e de’ suoi conquistatori nel medio evo piu antico, Bologna, 1895, in-16.