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ils connaissent les antiques exploits du héros (Indra, et ils veulent l’imiter).

8. Avec vos cent bras, protégez contre le mal et contre la défaite cette nation que vous avez déjà défendue, ô Marouts ! Terribles, forts et resplendissants, préservez sa gloire du blâme que pourraient lui infliger ses enfants.

9. Ô Marouts, tous les biens, tous les trésors désirables sont placés sur vos chars. Vos bras infatigables sont chargés d’ornements. L’essieu de vos chars ploie sur les roues.

10. De riches présents reposent sur vos bras généreux ; sur votre poitrine pendent de beaux colliers d’or, sur vos épaules des guirlandes. Comme l’oiseau ouvre ses ailes, le tranchant de la foudre ouvre et répand le dépôt de vos richesses.

11. Grands et puissants par votre grandeur, maîtres resplendissant au loin, tels que des astres attachés au ciel, élevant le ton de votre voix, ô Marouts, vous êtes heureux de mouiller vos langues à nos libations ; et, unis à Indra, vous recevez partout nos louanges.

12. Telle est votre grandeur, ô généreux Marouts ! Que vos dons soient durables comme l’œuvre d’Aditi ! Indra peut bien faire descendre ses largesses sur la nation pieuse que vous favorisez.

13. Immortels Marouts, vous avez conservé l’antique alliance qui fut tant célébrée. Pour le bonheur de Manou, les prêtres, par leurs prières et leurs œuvres, se sont jadis associés à vous[1].

14. Ô Marouts, venez rapidement avec vos biens confirmer pour longtemps nos espérances. Et quand ces gens ont dans leur demeure préparé des offrandes, que, par ces sacrifices, j’obtienne ce qu’ils ont désiré.

15. Ô Marouts, cet éloge et cet hymne d’un respectable poëte s’adressent à vous. Il a voulu vous plaire. Venez avec l’abondance, en étendant vos réseaux. Que nous connaissions la prospérité, la force et l’heureuse vieillesse !


HYMNE II.

À Indra et aux Marouts, par Agastya.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Indra, que traînent des coursiers azurés, tu as des trésors de force et d’abondance mille fois célébrés, des trésors de richesse et de fécondité : qu’ils viennent à nous pour notre bonheur !

2. Que les Marouts accourent aussi vers nous avec leurs plus belles formes, couvrant le ciel de leur large et mouvante magie ; et que leurs coursiers apportent les richesses qu’ils ont amassées au bord de la mer.

3. À ces nuages se mêle la lueur dorée de l’éclair, pareille à un glaive acéré ; avide de cette substance qui engraisse (la terre), elle la pénètre et s’unit à elle, comme la femme qui recherche la société de son époux, comme la parole (sainte) qui se joint à la pompe du sacrifice.

4. Les brillants Marouts, par une espèce d’union conjugale avec la Nue, lui font porter l’onde dont ils arrosent le (monde). Ces dieux terribles ont l’air de séparer le ciel et la terre ; mais ils sont leurs amis et augmentent leur beauté.

5. Ainsi animée dans leurs embrassements de leur souffle vital, que la Nue fasse notre joie, pénétrée des généreux (Marouts) ! Qu’elle aille, les cheveux épars, sur le char, comme la fille du soleil sur celui de son père, et que son corps soit aussi resplendissant que le ciel lui-même !

6. Que ces jeunes (époux) fassent prendre place dans nos sacrifices à leur jeune (épouse), forte et empreinte de leur éclat ; dans le moment même où l’hymne entonne, ô Marouts, votre éloge accompagné de libations et d’holocaustes.

7. Je chante la grandeur réelle des Marouts ; elle est vraiment digne de nos louanges, quand la (Nue) féconde, ou d’elle-même ou forcément, nous apporte ses germes précieux.

8. On ne peut accuser Mitra et Varouna de faiblesse. Aryaman donne la mort aux impies. Si nous voyons aussi tomber ce qui était ferme et inébranlable, ô Marouts, c’est votre tourbillon qui grossit.

9. Ô Marouts, de loin ou de près, votre force est pour nous infatigable. Comme la mer, elle croît et grandit, et remporte sur ses ennemis une victoire incontestée.

10. Puissions-nous aujourd’hui nous dire les amis d’Indra ! Puissions-nous demain, comme nous l’avons fait jadis, l’appeler à notre secours ! Que (ce dieu appelé) Ribhoukchas[2] nous accorde chaque jour sa protection ; qu’il soit avec ses serviteurs !

  1. Allusion à la légende qui raconte que, dans la recherche des vaches enlevées par les enfants de Bala, les Marouts et les Angiras agirent de concert, et marchèrent avec Indra. Voy. page 44, col. 1, note 7.
  2. Voy. page 144, col. 2, note 3.