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[Lect. VI.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

Brillant Agni, garde-nous avec tendresse, et veille sur nos personnes et sur nos enfants !

3. Agni, nous voulons t’honorer dans ta première naissance ; nous voulons encore te chanter dans ta seconde demeure[1]. J’adresse mon hommage au foyer dont tu sors ; tes flammes reçoivent nos holocaustes.

4. Agni, honore les dieux par l’holocauste qui leur est dû, et hâte-toi de recevoir les offrandes qu’ils désirent. Tu es le maître de la richesse et le gardien de la parole sainte.

5. Noble Agni, tu nais tous les jours, et tu as un double séjour que rien ne saurait détruire. Rends celui qui te chante célèbre entre tous ; fais-le opulent, et père d’une heureuse famille.

6. Que ce (dieu) libéral, et digne de tous nos hommages, daigne donc sacrifier heureusement pour nous aux dieux au milieu de sa flamme éblouissante ! Agni, tu es pour nous un gardien, un protecteur invincible. Brille avec tout ton éclat, (brille) avec toute ta richesse !


HYMNE II.

À Agni, par Gritsamada.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Il faut en premier lieu invoquer Agni, que Manou a allumé dans notre foyer, et qui y siége comme un père ; (dieu) immortel et sage, admirable et fort, s’entourant de splendeurs et captivant tous nos hommages.

2. Que le resplendissant Agni entende mon invocation ; que (ce dieu) immortel et sage accueille toutes nos prières. Deux chevaux, tantôt noirs, tantôt rougeâtres, traînent son char, et ce char est placé en différents endroits[2].

3. Dans (l’aranî) qui s’éveille[3], que le (prêtre) engendre un fils généreux. Qu’Agni naisse dans cette heureuse matrice, et prenne ensuite diverses formes. Dans (l’aranî) endormie, ce (dieu) sage séjourne pendant la nuit, et voile ses splendeurs.

4. Couvrez de l’holocauste et du beurre sacré cet Agni qui habite tous les mondes. Il grandit sous les offrandes, il monte, il s’élargit en poussant (une fumée) qui vole, qui serpente. C’est un (dieu) fort qui se fait voir au loin.

5. Il s’élance de tout côté. Je lui jette la rosée d’une humble prière. Qu’il l’accueille, cet Agni, trésor des mortels, miracle de beauté, géant lumineux qu’il n’est pas permis de toucher.

6. Toi qui as la vertu de triompher (du mal), reçois notre hommage. Sois notre messager, et puissions-nous, comme Manou, faire écouter notre voix ! Cet Agni qui brille de tout son éclat, et qu’arrosent nos libations aussi douces que le miel, je l’invoque, la prière à la bouche, la coupe (sacrée à la main).


HYMNE III.

À Indra, par Gritsamada.

(Mètres : Trichtoubh et Virât.)

1. Indra, écoute notre prière : tu dispenses les trésors, ne nous regarde pas comme tes ennemis. Nos offrandes sont abondantes, et vont vers toi pour augmenter ta grandeur, comme les ondes vers l’Océan.

2. Envoie-nous ces grands nuages qui grossissent autour d’Ahi. Ô héros, que ce soit pour nous autant de sources fécondes ! Exalté par nos hymnes, frappe l’immortel Asoura, qui s’enorgueillit de ses dépouilles.

3. Invincible Indra, tu aimes ces hymnes et ces chants dans lesquels on te célèbre avec les enfants de Roudra. Ces brillants éloges, que tu ambitionnes, semblent venir à ta rencontre.

4. Oui, nous célébrons ta force merveilleuse : nous mettons dans tes mains la foudre étincelante ; nous te représentons, Indra, grandissant avec nos éloges, et dispersant avec le Soleil les troupes des Asouras.

5. Ahi se cachait au sein du nuage ; le sombre magicien se renfermait dans cette humide retraite. Il arrêtait les eaux et encombrait le ciel. Ô héros, tu as avec force frappé Ahi.

6. Louons donc, ô Indra, tes anciennes prouesses ; louons aussi les nouvelles. Chantons la foudre qui brille en tes mains ; chantons tes chevaux qui annoncent le soleil.

  1. L’auteur fait allusion aux deux naissances d’Agni, dans le feu du sacrifice et dans le feu solaire.
  2. Allusion aux foyers des trois espèces de feux.
  3. Nous savons que de l’aranî on tirait, pour le sacrifice, le feu qui semble y dormir. Le poëte représente l’aranî comme un personnage qui s’éveille ou qui dort.