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[Lect. II.]
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RIG-VÉDA. — SECTION TROISIÈME.

5. Prêtres pieux, travaillez à produire (le dieu) sage, prudent, véridique, immortel et charmant. Enfantez Agni, le héraut du sacrifice, le premier des êtres adorables.

6. Agité avec force, il se lance comme un coursier rapide, et vient sur le bûcher briller avec éclat. Invincible dans sa voie comme le char des Aswins, il sort de la pierre qui le contient en dévorant les plantes.

7. Agni est né ; ses feux s’animent ; fort, sage, bienveillant, il est chanté par les poëtes, et les Dévas ont établi pour le sacrifice ce (dieu) adorable, qui connaît tout et qui porte l’holocauste.

8. Siége donc sur ton trône, sacrificateur intelligent, et porte notre sacrifice dans le lieu où il doit être récompensé. Agni, honore les dieux, et présente-leur l’holocauste. Réserve pour ton serviteur une large part dans tes bienfaits.

9. Ô mes amis, augmentez la masse de cette fumée. Apportez sans relâche les mets qui nourrissent cet Agni fort et victorieux, par lequel les dieux obtiennent le triomphe sur les Dasyous.

10. Voilà le berceau[1] où, dans le moment favorable, tu brilles après ta naissance. Reconnais-le, ô Agni, et viens t’y placer, pour te montrer sensible à nos vœux.

11. Tant qu’il n’est encore qu’un embryon[2], on l’appelle Tanoûnapât[3]. Une fois né, il est Narâsansa[4]. Il devient Mâtariswan[5] dès qu’il s’étend au sein de l’air, et dans sa marche se fait le créateur de Vâyou.

12. Prudent Agni, produit et placé convenablement par des (prêtres) habiles, rends-toi propice à leurs travaux. Honore les dieux au nom de leur fidèle serviteur.

13. Les Immortels ont enfanté un mortel invincible, lui sauveur vigoureux et redoutable. Dix frères[6], unissant leurs efforts, ont avec bruit applaudi à sa naissance.

14. Qu’il brille sans interruption au sein de sa mère[7] (Ilâ), le (dieu) sacrificateur chargé des sept offrandes. Il ne meurt point ; pour notre bonheur il naît chaque jour des entrailles de l’Aranî[8].

15. Des enfants de Cousica, nos anciens[9], prêtres aussi savants que guerriers redoutables, pareils à une avant-garde de Marouts, ont su pourvoir et aux prières et aux offrandes. Ils ont dans chaque maison allumé les feux d’Agni.

16. En ce jour et dans le cours de ce sacrifice, nous aussi, ô pontife intelligent, nous t’honorons. Daigne accourir vers nous, daigne nous favoriser. Tu nous connais, (dieu) sage, viens à notre soma.




LECTURE DEUXIÈME.

HYMNE I.

À Indra, par Viswâmitra.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Indra, tes amis t’appellent ; leur coupe est remplie de soma ; ils ont pour toi des libations et des offrandes. (Par toi) ils peuvent repousser l’attaque de leurs ennemis. Il n’est personne (au-dessus de toi).

2. Ta brillante demeure ne doit pas être éloignée. Viens, traîné par tes deux coursiers azurés. Nous sacrifions en l’honneur d’un (dieu) fort et généreux. (Pour lui) nos coupes s’épuisent sur les feux d’Agni.

3. Indra est beau[10], magnifique, victorieux, entouré d’une nombreuse armée, terrible en ses œuvres infinies. Quand tu apparais au milieu des mortels, attaqué et menaçant, (dieu) puissant, quelles sont alors tes prouesses !

  1. Le texte dit : la matrice (yoni). C’est un nom de foyer. Le commentaire croit que c’est l’Aranî.
  2. Garbha âsoura. Il paraît que l’Aranî porte le nom d’Asoura, parce qu’elle lance des rayons, asyati rasmîn.
  3. Voy. page 47, col. 2, note 3.
  4. Voy. page 48, col. 1, note 1.
  5. Voy. page 204, col. 2, note 4.
  6. Ce sont les dix doigts qui ont concouru à le tirer de l’Aranî, et qui travaillent encore à l’arroser de libations. Le texte se servant d’un mot féminin, a mis dix sœurs au lieu de dix frères.
  7. Le commentaire explique le mot mâtouh par Prithivyah. Ce mot peut quelquefois s’entendre de la personne qui a préparé, mesuré, le sacrifice.
  8. Asourasya djtharât. Le commentateur entend ces mots de l’Aranî, et pense que l’on désigne ainsi le bois dont elle est formée, câchtham Aranîroûpam. Voy. même page, col. 1, note 2.
  9. Je n’ai pu adopter le sens du commentateur, qui suppose que les Cousicas étaient les premiers-nés de Brahmâ. J’ai pensé que brahmanah était un génitif qui signifiait science sacrée.
  10. Je disais, page 45, col. 2, note 1, quel était le sens de Sousipra. Je dois ajouter que le commentateur donne à ce mot un nouveau sens, expliqué par sirostrânopéta, orné d’un casque.