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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/192

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Toute science se constitue en rapprochant plusieurs observations : les faits scientifiques sont les points sur lesquels concordent des observations différentes[1]. Chaque observation est sujette à des chances d’erreur qu’on ne peut pas éliminer entièrement ; mais si plusieurs observations s’accordent, il n’est guère possible que ce soit en commettant la même erreur ; la raison la plus probable de la concordance c’est que les observateurs ont vu la même réalité et l’ont tous décrite exactement. Les erreurs personnelles tendent à diverger, ce sont les observations exactes qui concordent.

Appliqué à l’histoire, ce principe conduit à une dernière série d’opérations, intermédiaire entre la critique purement analytique et les opérations de synthèse : la comparaison des affirmations.

On commence par classer les résultats de l’analyse critique, de façon à réunir les affirmations sur un même fait. Matériellement l’opération est facilitée par le procédé des fiches (soit qu’on ait noté chaque affirmation sur une fiche, soit qu’on ait créé pour chaque fait une fiche seulement, sur laquelle on aura noté les différentes affirmations à mesure qu’on les rencontrait). Le rapprochement fait apparaître l’état de nos connaissances sur le fait ; la conclusion définitive dépend du rapport entre les affirmations. Il faut donc étudier séparément les cas qui peuvent se présenter.

III. Le plus souvent, sauf en histoire contemporaine, sur un fait les documents nous fournissent une seule affirmation. Toutes les autres sciences en pareil cas

  1. Pour la justification logique de ce principe en histoire, voir Ch. Seignobos, Revue philosophique, juillet-août 1887. — La certitude scientifique complète n’est produite que par la concordance entre des observations obtenues par des méthodes différentes ; elle se trouve au point de croisement de deux voies différentes de recherches.