Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de l’exercer sans avoir un certain bagage de notions techniques, auxquelles ni les dispositions naturelles, ni même la méthode, ne sauraient suppléer. — En quoi donc doit consister l’apprentissage technique de l’érudit ou de l’historien ? En d’autres termes, plus usités, quoique, nous essaierons de le montrer, assez impropres : quelles sont, avec et après la connaissance des répertoires, les « sciences auxiliaires » de l’Histoire ?

Daunou, dans son Cours d’études historiques[1] s’est posé une question du même genre : « Quelles études, dit-il, celui qui se destine à écrire l’histoire aura-t-il besoin d’avoir faites, quelles connaissances devra-t-il avoir acquises, pour commencer un ouvrage avec quelque espoir de succès ? » Avant lui Mably, dans son Traité de l’étude de l’histoire, avait aussi reconnu qu’« il y a des études préparatoires dont un historien, quel qu’il veuille être, ne saurait se dispenser ». Mais Mably et Daunou avaient là-dessus des idées qui paraissent, aujourd’hui, singulières. Il est instructif de marquer exactement la distance qui sépare leur point de vue du nôtre. « Premièrement, disait Mably, étudiez le droit naturel, le droit public, les sciences morales et politiques. » Daunou, homme de grand sens, secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, qui écrivait vers 1820, divise en trois genres les études préliminaires qui constituent, à son avis, « l’apprentissage de l’historien » : littéraires, philosophiques, historiques. — Sur les études « littéraires », il s’étend copieusement : d’abord « avoir lu attentivement les grands modèles ». Quels grands modèles ? M. Daunou « n’hésite point » à indiquer en première

  1. VII, p. 228 et suiv.