Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/115

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Étrange traité — et tel qu’on n’en vit jamais — où chaque partie, a-t-on dit, prenait des engagements avec l’intention de ne pas les tenir et avec la persuasion qu’on ne les tiendrait pas envers elle ; mais plutôt, devrait-on dire, où les deux parties stipulaient publiquement le contraire de ce qu’elles stipulaient en secret.


« La République promettait secrètement de rétablir la Monarchie, et Charette s’engageait publiquement à se soumettre aux lois de la République[1]. »


Cela paraît incroyable : les faits pour le prouver parlent plus haut que tous les écrits.

Pour célébrer la « pacification », les délégués avaient imaginé une entrée solennelle que feraient ensemble, à Nantes, les républicains et les royalistes, ennemis réconciliés. Quand ils en parlèrent à Charette, il hésita ; puis, prenant son parti : « Soit, Messieurs, leur dit-il, mais je vous préviens que mon état-major et moi, ne quitterons jamais la cocarde blanche. »

C’était bien afficher la véritable portée du traité. Les conventionnels acceptèrent.

Rien ne fut négligé pour donner le plus d’éclat possible à cette fête extraordinaire. Une proclamation des autorités en fit connaître à l’avance la date à la population nantaise.

Le 26 février, une salve d’artillerie annonça l’arrivée des Vendéens au pont de Pirmil. On voit alors dé-

  1. La Vendée militaire, t. 2, p. 343. — L’expression dont se sert Crétineau-Joly n’est pas tout à fait juste. Charette reconnaissait la République et s’engageait à ne pas la combattre ; il ne se soumettait pas à ses lois, puisque le traité en exemptait le territoire qu’il commandait.