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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/122

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négociations, se défendait, en portant, suivant une tactique assez commune, la question sur des griefs autres que les griefs réels. « La malveillance — dit-il, — s’agite contre eux (les négociateurs) ; elle prétend qu’ils ont favorisé les royalistes par des articles secrets, qu’ils ont promis de leur livrer des places et que les articles secrets leur garantissent l’exécution de ces promesses. Tout à l’heure même, dans cette enceinte, nous avons eu la douleur d’entendre dire que nous venions tromper la Convention sur le véritable état de la Vendée, qu’il n’y avait qu’une trêve de conclue et que la guerre allait renaître. Cela n’est pas possible. Nous avons vu de près les chefs vendéens. Ils nous ont inspiré une entière confiance dans leur loyauté. » — Il parle de places à livrer, du véritable état de la Vendée, pour détourner les esprits de ce que contenaient en réalité les articles secrets.

Malgré tout, l’impression de l’Assemblée restait mauvaise. On eut recours à un de ces trucs qui étaient devenus d’un usage assez habituel. Ce fut encore l’utile Bureau de La Batardière qui joua le rôle de compère. On avait eu la précaution de lui faire décerner les honneurs de la séance. Au moment où Ruelle termine sa harangue, il s’approche de la barre et fait hommage des drapeaux de Charette, au nom de ce général. Il les dépose au pied de la tribune. Ce petit coup de théâtre enlève le vote d’approbation.

Ces habiletés, ces réticences, ces aveux détournés, prouvent qu’il existait réellement des articles secrets ; qu’ils étaient de nature à exiger un mystère absolu, et que le gouvernement était d’accord avec les délégués, dans toute cette affaire.