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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/124

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la grande question, les clauses patentes, en concédant la constitution d’une portion du territoire « indivisible » en territoire indépendant, avec une véritable autonomie, administrative, judiciaire, financière et militaire, établissaient un régime essentiellement provisoire, qui devait, par la force des choses, aboutir à une crise inévitable, soit à la capitulation définitive de la République, soit à une reprise d’hostilités.

Pour la Convention, c’était, il est vrai, un coup de politique important, d’avoir paralysé, fût-ce pour un temps très court, une partie des forces royalistes.

Mais le vrai danger n’était nullement conjuré, l’orage redoutable se formait en Angleterre et devait éclater en Bretagne, où les grondements sourds en annonçaient l’approche, causaient un frémissement et une agitation que les agents du gouvernement signalaient avec une inquiétude chaque jour croissante. « La Vendée s’éteignait ; la Bretagne s’allumait[1]. »

Les symptômes d’une fermentation extraordinaire frappaient tous les yeux. Dès le mois de septembre, en prenant possession de son commandement, Hoche avait pu s’en rendre compte. « À Rennes, où il arrive d’abord, il trouve la contre-révolution frémissante, déjà insolente. Qui le croirait ? personne, à aucun prix, ne voulut lui donner de logement[2]. »

Ces dispositions hostiles de la population n’avaient fait que s’accentuer. Et l’on sentait chez les chefs de la Chouannerie, à de très rares exceptions près, une résistance raisonnée, qui ne céderait pas aux moyens de

  1. Michelet, Histoire de la Révolution, p. 1913.
  2. Michelet, Histoire de la Révolution, p. 1915.