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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/14

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de pierre séparant les champs, apparus au lointain ainsi que des cases de damier ; par dessus les chardons, les escargots, les œillets, le sang revenu dans les fleurs, les monuments fallacieux, les menhirs qui, depuis des siècles, impassibles dans leur granit, connurent d’autres conflits et furent éternellement témoins des guerrières calamités du monde ; le panorama de l’aventure de Quiberon se développe et le malheur se fait comprendre.

Devant vous, vers le nord, voyez la plage de Carnac arrondie et dorée derrière le flot bleu de la baie. C’est la plage où débarquent les émigrés. Point de retard, et sitôt descendus de leurs navires, les voilà commandant les routes d’Auray et de Vannes. Hoche qui les a vus venir, loin de les attaquer, leur a laissé le champ libre. Reculant étrangement sur la gauche au delà de Locoal-Mendon, il leur abandonne la droite et leur permet d’avancer tout à l’aise. Les contingents de la terre se joignent aux contingents de la mer et se disposent à marcher avec eux. La plus naturelle des ententes les rendrait immédiatement maîtres du pays d’où ils pourraient pousser jusqu’à Rennes et jusqu’au Mans.

Or il arrive que, précisément, l’entente ne se fait pas. Point d’accord, point de décision ; des conflits de préséance, des querelles de personnes, des incertitudes de commandement. Quand il conviendrait de brusquer les opérations, des lenteurs, des piétinements de corps d’armée s’épuisant à rester en place ; et une telle confusion dans l’esprit des chefs que, hésitant sur le plan arrêté dès l’abord, ne sachant à quoi se résoudre pour la conduite