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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/162

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Puisaye, il est perdu. Puisaye sera fusillé aussitôt qu’il mettra le pied en Bretagne. »


Le 9 juin, le lendemain même de la mort, qu’il feint d’ignorer, il envoie au comte d’Artois lui-même cette dépêche :


« Votre Altesse fera sagement de ne pas se livrer à Puisaye. Nous savons, de source certaine et par Charette lui-même, que la Vendée et la Bretagne ne veulent plus se soumettre à son autorité. Une descente avec lui ferait tout échouer. De tous les côtés il nous revient que ce n’est par pour le Roi votre neveu que travaillent les Anglais, mais pour le duc d’York, qui a promis de prendre Puisaye pour premier ministre. Ce fait est avéré ; il y a même à Paris de vieux débris de la Constituante et quelques membres de la Convention qui, à défaut du duc d’Orléans, s’empareraient de ce prince comme d’un en-cas à opposer à l’auguste famille de nos Rois. »


S’il était besoin de démontrer que l’honnête agent ne croyait pas un mot de ce qu’il écrivait, on en trouverait la preuve dans les contradictions de sa propre correspondance ; les dépêches adressées au même moment aux Comités de Bretagne attribuent à Puisaye le projet de faire roi le comte d’Artois.

On ne peut même admettre qu’il ait songé à faire accepter comme sérieuses par ses correspondants, les suppositions qu’il émettait. Il n’espérait certainement pas persuader au comte de Provence que Puisaye serait fusillé en débarquant en Bretagne ; il lui insinuait