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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/196

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hautement. Accourus à la première annonce des secours promis pour l’exécution des grands projets mystérieusement colportés et commentés depuis huit ou dix mois dans les pardons et dans les veillées, les rudes gars du Morbihan taxaient de « feignants[1] » ces brillants officiers et ces régiments superbes qui semblaient dédaigner de se joindre à eux, leur marchandaient les munitions et leur refusaient même des ordres de marche.

Déjà, sans attendre la fin du débarquement, Tinténiac, avec ses Chouans, avait pris sur lui d’attaquer le poste de Sainte-Barbe qui commandait la presqu’île. Il l’avait trouvé défendu par huit à neuf cents hommes sous les ordres de l’adjudant général Romand, mais l’avait enlevé après une assez vive résistance et un combat à la bayonnette, puis, appuyé par Cadoudal, Mercier et Allègre, avait poursuivi et dispersé les républicains, après leur avoir tué près de deux cents hommes. Leur commandant, abandonné par eux, avait erré longtemps avant de rentrer à Auray.

Le comte de Vauban avait été envoyé à trois lieues vers le nord, au village de Ploemel, avec quatre mille paysans et les quatre-vingts officiers sans troupes.

Enfin, on se décida à un mouvement en avant ; mais dans le sens des plans de d’Hervilly, c’est-à-dire uniquement pour couvrir l’établissement dans la presqu’île.

En conséquence, Vauban se porta à Mendon, à cinq

  1. Ce nom de feignants est resté dans les souvenirs des gens du pays.