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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/211

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garde, alors, sous le commandement de Tinténiac, secondé par Mercier, d’Allègre et Cadoudal, résiste pendant trois heures à tous les assauts d’un ennemi supérieur en nombre et en armement, reculant méthodiquement sur un sol inégal et dangereux, faisant à chaque instant volte-face pour laisser passer des paysans fuyards, et soutient cette retraite avec tant de solidité, de discipline et de bravoure que Hoche, saisi d’admiration, s’écrie : « Pourquoi tous les Français ne combattent-ils pas sous le même drapeau ! » — Qui sait quels étaient au fond, les regrets exprimés par cette exclamation ?

On arrive enfin aux retranchements.

Ils étaient vides. Du fort Penthièvre, on avait pu suivre tous les détails de cette scène, ce troupeau humain fuyant dans le désordre de l’épouvante, ces héroïques Chouans se sacrifiant pour les sauver ; on n’avait pas fait sortir un homme pour prêter main forte ; on n’avait pas même garni les retranchements ; on n’avait pas complété la garnison du fort. Tous ces désespérés qui cherchaient un refuge contre les représailles républicaines, se précipitaient pêle-mêle dans le chemin couvert, se bousculaient, se disputaient le passage en l’encombrant. Les troupes lancées à leur poursuite y seraient entrées avec eux, si cette même arrière-garde qui avait couvert la retraite, n’était revenue se mettre en ligne pour arrêter encore pendant trois heures les attaques de l’ennemi. Sans le dévouement de ces braves, « les forts, dit Vauban, étaient enlevés et la campagne était terminée ce jour-là ».

On ne voit même pas très bien, à vrai dire, ce qui a empêché Hoche de la terminer ainsi.