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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/214

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forte partie sur la Grande-Terre. Cela faisait autant de bouches de moins à nourrir : il paraît que cette considération a surtout déterminé d’Hervilly. Mais Puisaye avait conçu le projet de les employer à une diversion qui pouvait changer la face des choses.

On forma deux corps de quatre mille hommes environ chacun, auxquels ont fit revêtir des habits rouges. La raison ne s’aperçoit pas très bien de cette espèce de déguisement, qui pouvait flatter une des manies de d’Hervilly par l’illusion d’une incorporation à son effectif régulier, mais qui ne devait pas être du goût de ces Bretons, chez lesquels la haine traditionnelle de l’Angleterre n’était certainement pas éteinte par ce qui se passait depuis quelques jours. Peut-être avait-on compté sur le prestige de l’uniforme pour faire naître quelques scrupules de discipline capables de contre-balancer les tendances à la défection qui s’étaient récemment manifestées.

Un de ces corps, sous les ordres de Tinténiac, avec Cadoudal, Mercier, d’Allègre et Saint-Tronc, fut embarqué à Port-Haliguen et vint prendre terre dans le golfe du Morbihan, sur la côte de la presqu’île de Rhuys, auprès de Sarzeau. Tinténiac a pour instructions de remonter à travers le pays, en entraînant avec lui tous les rassemblements d’insurgés qu’il pourra rencontrer, il doit être le 14 à Baud, au croisement des routes de Quimper à Rennes et d’Auray à Saint-Malo et y faire sa jonction avec Jean-Jean. Celui-ci, débarqué au Pouldu, à l’entrée de la rivière de Quimperlé, devait envoyer un détachement sur Quimper, pour délivrer quinze cents Anglais prisonniers, et avec ce renfort, grossi également des contingents