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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/213

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fusion, des munitions en abondance[1] ; ils pouvaient donc tenir longtemps et avec la presque certitude d’être incessamment secourus par une force considérable qui pourrait dégager le blocus et avec la perspective de voir à bref délai arriver le comte d’Artois[2], ce qui les mettrait en état de prendre l’offensive. Hoche n’avait donc aucune raison de chanter victoire, à moins qu’il ne voulût endormir la vigilance républicaine, ou qu’il ne fut très exactement au courant des intrigues et des manœuvres par lesquelles l’armée de secours allait être détournée et dissipée, et le renfort retenu dans les ports d’Angleterre.

Il y avait près de dix mille Chouans enfermés dans la presqu’île. On convint d’en transporter la plus

  1. Après la prise de Quiberon, les rapports faits à la Convention constatent qu’on y trouve « des magasins immenses de farine, biscuits, rhum, fromages, etc. ; 70.000 fusils, 150.000 paires de souliers, des effets d’habillement et d’équipement pour une armée de 40.000 hommes ». Dans un autre rapport officiel, on lit : « Les farines superbes qui y sont en abondance peuvent nous procurer de quoi alimenter notre armée pendant au moins six mois par aperçu. »
    On voit donc bien, — soit dit en passant, — que c’était purement par un calcul politique que d’Hervilly avait mis les Chouans à la demi-ration. C’était pour les contraindre à s’enrôler dans les troupes soldées, pour les soustraire au commandement et à l’influence de Puisaye et des officiers bretons.
  2. Pour plus de sûreté, les gens du comte de Provence avaient bien soin d’entretenir et de confirmer cette espérance, au moment même où l’ajournement de l’expédition était décidé.
    « Attendez le comte d’Artois. Voilà qu’il est en mer. »
    « Puisaye avait reçu le 10 (juillet) cette fausse nouvelle d’Harcourt, vieux radoteur qui résidait à Londres, avec le titre d’ambassadeur du roi, et qui, sans s’en douter, servait les intrigues des deux petites cours pour paralyser tout. » (Michelet, Histoire de la Révolution, p. 1979.)