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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/22

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était-il d’accord avec Barras pour tenter un coup de main destructeur du gouvernement ? N’empêche que par cette incorrection militaire, dont il n’a pas donné de justification suffisante, il reste soupçonné d’une intention de coup d’État.

D’ailleurs, à cette époque troublée, la plus effrayante peut-être des époques du monde, par l’hypocrisie de la vertu et l’absence totale de conscience, le coup d’État latent ou avéré, sournois ou accepté, existe en permanence.

C’est l’argument terrible que Bonaparte jettera à la face des Cinq Cents, le jour audacieux de brumaire. Les Cinq Cents, devant cette vérité, s’enfuirent, moins peureux des baïonnettes que confondus de n’avoir rien à répondre ; car tous, ils avaient conspiré.

Hoche, esprit patient, retors, rusé, attend toute sa vie les événements que Bonaparte, plus brutal, détermine et précipite. Il se réserve, se crée toujours des alibis, sauf à prendre des allures de vainqueur quand il ne craint plus rien des risques courus par ses lieutenants.

À Quiberon, il se dérobe tant qu’il peut ; se prétend à Metz quand ses soldats menacent Paris. En Irlande, il ne débarque pas. L’affaire lui semble tourner à mal, et il se travaille en toutes circonstances pour apparaître seulement au milieu du succès tout fait et qui ne peut plus le compromettre.

La continuité appliquée de cet esprit de dissimulation et de casuistique renseignait le passant sur la conduite de Hoche à Quiberon. Il temporise de son mieux, étudiant