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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/23

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de quel côté viendra la victoire. Il attend, selon l’expression de Rouget de Lisle, « le moment de faire le général ». Qu’attendait-il avant de se résoudre à l’action ? Qu’attendait-il ? sinon ce même Roi qui a manqué aux royalistes !

Le Roi ne venant pas, les commissaires de la Convention arrivent qui, eux aussi, peut-être, comme on dit dans la langue du pays « espéraient » Louis XVII. Il redoute leurs dénonciations sur son zèle suspect de retard, et s’empresse à la fin quand, pour sa sécurité personnelle, il regarde comme dangereux de persister dans l’expectative.

Avec Sombreuil, il se montre déférent et presque fraternel. Il a des tendresses de décor pour cet adversaire contre lequel il n’est guère animé, car depuis le traité de La Jaunaye, avec d’autres chefs royalistes, il a vécu en relations aimables. Même il n’a pas dédaigné les faveurs des dames. À Vannes, dans une maison point ignorée, il entretenait commerce de galanterie avec une chouanne : une espionne, disent les uns, sa maîtresse, disent les autres.

Préoccupé surtout de ménager ses intérêts et ses relations, il conclut alors au Fort-Neuf, cette suspension d’armes sur laquelle on a tant discuté. Il sait pertinemment que, aux termes de la loi de brumaire an III, contre les émigrés, d’autres, derrière lui, Blad et Tallien, ne souscriront pas à la clémence qu’il affecte de consentir ; et il s’en va, en hâte, dégageant sa responsabilité, peut-être, mais laissant à rêver sur son caractère. Il sait bien