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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/238

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n’avait, dans la contrée, que le petit espace qu’il couvrait de son camp. Il tenait un bord du pays comme un corps étranger, extérieur, sans racines. Malgré sa superbe attitude, il avait fort à craindre, si, attaqué de front par les troupes régulières de d’Hervilly, il était pris derrière par les Chouans. »

D’Hervilly, qui soutenait toujours ses droits au commandement en chef, ne voulut rien entendre. On a expliqué son obstination par des causes spéciales, qui, au fond, se rapportent aux raisons déjà connues, qui, d’après le mot de Michelet « lui brouillaient la cervelle ». — « Il ne consentit pas à retarder l’attaque de deux ou trois jours, nécessaires au débarquement de la deuxième division. On prétend qu’il redoutait la concurrence du comte de Sombreuil, dans lequel il voyait déjà un successeur… Il persista à attaquer uniquement de front, peut-être parce que Puisaye était d’avis contraire[1]. » La vérité est que Sombreuil avait fait connaître l’arrivée d’un navire apportant la réponse aux réclamations de Puisaye et la confirmation de ses pouvoirs pour le commandement en chef de l’expédition. Voilà pourquoi d’Hervilly se hâtait de presser un dénouement quelconque avant la remise des dépêches officielles, afin d’éviter, fût-ce au prix d’un désastre, que la direction passât aux mains d’un

  1. Ces lignes sont de Chasle de La Touche, qu’il est intéressant de citer quand il s’agit de Puisaye et de d’Hervilly, et surtout des fautes imputables à ce dernier, parce que ses appréciations, visiblement dictées, en général, par des intentions impartiales, se ressentent cependant très fort des préjugés politiquement répandus contre Puisaye et de l’ignorance où l’on était, de son temps, des intrigues du comte de Provence et de son agence de Paris.