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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/239

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chef suspect d’agir « malgré le Roi, contre le Roi peut-être ».

Si la résolution d’attaquer était funeste, les mesures pour l’exécution ne le furent pas moins.

Vauban reçut l’ordre, dans l’après-midi du 15, de se tenir prêt à partir à 10 heures du soir, du port d’Orange, avec douze cents Chouans, deux ou trois compagnies d’émigrés, deux cent cinquante soldats anglais et quelques pièces d’artillerie de l’escadre, pour débarquer à Carnac, y surprendre le poste qui gardait cette position, longer ensuite la côte, en enlevant les batteries qu’il y rencontrerait, continuer sa marche pendant une lieue et demie ou deux lieues et se jeter au point du jour sur la gauche de la position de Sainte-Barbe, au moment où s’effectuerait l’attaque de front. Il devait opérer son débarquement à minuit ; ses instructions lui prescrivaient d’en annoncer la réussite par une fusée et d’avertir en lançant trois fusées, au cas où son mouvement serait manqué.

Cette mission était évidemment presque inexécutable dans le temps donné et avec un effectif insuffisant, tant en nombre qu’en qualité. Pour comble de malchance, ou plutôt de fausses dispositions, les ordres étaient mal donnés. Les bateaux manquaient. Vauban court en avertir d’Hervilly et lui déclare que, de ce côté, il n’y a plus rien à faire. D’Hervilly, affolé, mais toujours superbe dans son affolement, le renvoie avec ces mots : « Partez, partez avec ce que vous pourrez, mais partez tout de suite ; je vous en rends responsable. »

Vauban part ; le commodore Warren l’accompagne.