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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/281

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breuil, eût été soutenue avec plus de méthode, tout le monde aurait pu être sauvé[1].

Sombreuil, qui avait d’abord tenté de reprendre l’offensive et avait pu s’avancer jusqu’à Kerdavid, était à ce moment obligé de reculer devant un ennemi trop supérieur en nombre et pourvu d’artillerie et de cavalerie. Il opérait cette retraite le plus lentement possible, en gardant toujours la ligne de la côte. Les chaloupes de l’escadre commençaient à se rapprocher du rivage et venaient atterrir vers les points qu’il pouvait encore couvrir. La multitude des paysans réfugiés se ruait en masse vers chaque barque ; ces malheureux, affolés par l’épouvante, se repoussaient les uns les autres, se foulaient aux pieds pour gagner les moyens de salut. Il y eut sur cette plage, des scènes de confusion, des luttes atroces. Il y eut aussi des actes de dévouement sublimes.


« Le comte Christian de Lamoignon avait été blessé. Son frère Charles l’apporta sur le rivage et l’embarqua. Les dignes neveux du vertueux Malesherbes s’embrassèrent pour ne plus se revoir. Le comte Charles, en preux chevalier, retourna mourir à son poste. Trois braves Toulonnais l’imitèrent. Fugitifs depuis le fort, ils avaient réussi à se sauver dans une chaloupe. Dès qu’ils aperçurent la résistance que faisait Sombreuil, ils sautèrent dans l’eau pour l’aller joindre. Les insurgés rivalisèrent de générosité. Le bateau anglais s’éloignait, refusant de prendre plus

  1. Mais Montbron dit : « Sombreuil fit demander à capituler. S’il avait continué de se défendre, il aurait vu massacrer à ses yeux une foule nombreuse et désarmée qui se trouvait entre nous et l’ennemi : cette idée seule avait dirigé sa résolution. »