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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/297

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extrême, c’est que Puisaye et d’autres se vantaient d’avoir pour eux certains représentants, d’avoir des royalistes jusque dans la Convention. Ceux-ci, Delahaye, Larivière, etc., furent foudroyés par ce grand coup de Quiberon. Ils se gardèrent de souffler mot. Il y eut une surprenante unanimité pour l’application de la loi…[1] »


Ces lignes, d’un grand écrivain révolutionnaire, résument la situation.

L’unanimité fut surprenante en effet. Il ne se trouva pas de députés qui crussent pouvoir se placer entre ceux qui suivaient simplement encore les traditions implacables de la secte jacobine et ceux qui se voyaient condamnés à faire parade de rigidité républicaine pour « marquer la distance[2] » qui les séparait du royalisme.

Tallien avait pourtant emporté d’Auray les intentions les plus favorables aux prisonniers. Pendant tout le voyage, il n’avait entretenu son compagnon, Rouget de Lisle, que des moyens qu’il emploierait pour sauver les émigrés. En arrivant, dans la soirée du 28[3], il avait arrêté son plan, qui était « de ne point ébruiter son retour, et, le lendemain, de paraître inopinément à la tribune, à l’heure même où, l’année

  1. Michelet, Hist. de la Rév., p. 1986. Le désaccord entre Hoche et Tallien n’exista pas en réalité, puisque Tallien n’abandonna les idées de clémence qu’après avoir reçu les conseils de Lanjuinais, et que Hoche suivit immédiatement son exemple.
  2. C’est le mot d’intimidation dont s’était servi Saint-Just, le 4 avril 94, pour enlever le vote contre Danton.
  3. Cette date est donnée par Rouget de Lisle. Il faut lire le 26, puisque Tallien fit son rapport le 27 juillet (9 thermidor).