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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/298

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précédente, il y avait dénoncé Robespierre et ses complices ». Là, après le récit de l’affaire de Quiberon et « lorsque l’enthousiasme et les transports qu’il ne pouvait manquer d’exciter dans une assemblée aussi impressionnable, seraient calmés, Tallien devait reprendre la parole, et, faisant un appel à la générosité nationale, au nom de l’humanité, de la victoire, du général et de son armée, demander entière amnistie pour les insurgés et que la vie fut accordée aux émigrés, sous la condition irrévocable d’un bannissement perpétuel[1] ».

Ce qu’il faut retenir, ce qui est un signe de la lâcheté de tous ces politiciens, si ce n’est un signe du machiavélisme du comte de Provence, c’est que ce fut par les avis d’un des affidés notoires de ce prétendant, que Tallien tourna subitement des idées de clémence aux idées de représailles sanglantes. Lanjuinais était venu prévenir sa femme qu’il était dénoncé comme vendu à l’Espagne, vendu au parti royaliste, que la part active qu’il avait prise à la chute de Robespierre serait présentée comme un premier acte accompli en vue du rétablissement de la royauté et que sa mission de Quiberon en paraîtrait le complément.

En présence de ces considérations d’intérêt et de salut personnel, les dispositions généreuses, les engagements pris ne pouvaient arrêter un instant la conscience de Tallien. Peut-être étaient-elles d’ailleurs appuyées de l’assurance que son revirement ne lui ferait rien perdre des avantages stipulés en cas de

  1. Rouget de Lisle, Historique et souvenirs de Quiberon.