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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/32

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ont accusé le ministre anglais, Vanghan, d’en être le fauteur. Enfin la relation de Madame Royale elle-même laisse clairement apercevoir que c’est par un parti pris d’orgueilleux dédain qu’elle a voulu ignorer ces « insolentes » prétentions[1].

Le fait n’est donc pas niable que les vues de tous les hommes marquants de la Révolution furent constamment dirigées, non vers la consolidation de la République, mais vers le rétablissement de la Royauté.

Quand l’événement du 9 thermidor eût un peu relâché la compression qui étreignait l’esprit public, cette vérité, pleinement aperçue jusque-là par ceux-là seulement qui la masquaient sous l’appareil des déclamations et des exécutions, apparut, frappante d’évidence, aux yeux de tous : que la France était restée royaliste.

Il y eut alors, dans tout le pays, un frémissement d’attente et comme un mouvement de préparation pour un retour à la royauté. Et, cette solution paraissant la seule possible et s’annonçant comme probablement prochaine, il se produisit un flottement dans l’attitude de tous les ambitieux et les habiles, préoccupés de manœuvrer, avec plus ou moins de hâte et de confiance, de façon à ne pas rester en dehors du mouvement.

  1. Elle raconte ainsi une visite qu’elle reçut : « Il vint un jour un homme, je crois que c’était Robespierre ; les municipaux avaient beaucoup de respect pour lui. Sa visite fut un secret pour les gens de la tour, qui ne surent pas qui il était, ou qui ne voulurent pas me le dire. Il me regarda insolemment, jeta les yeux sur les livres et après avoir cherché avec les municipaux, il s’en alla. »