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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/327

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pable et n’avait eu pour résultat peut-être que de faire hâter l’exécution des condamnés. Mais on eut de la peine à trouver des exécuteurs. Les chasseurs de la 19e demi-brigade avaient refusé ce service, officiers et soldats, disant qu’ils étaient des soldats et non des assassins. Il fallut chercher en dehors des troupes de ligne et recourir à des corps composés d’étrangers[1].

Les condamnés avaient été transférés à Vannes, dans la soirée du 27 juillet ; ils étaient au nombre de seize : l’évêque de Dol ; son frère, Urbain de Hercé,

  1. Voilà encore un fait que l’on conteste et sur lequel cependant la tradition paraît bien avoir raison contre des dénégations fondées sur l’ignorance de certains détails. Un simple renseignement éclaircira ce point : « Les légions bataves, belges, liégeoises créées en 1792 et 1793 et supprimées par le décret de l’an II (20 brumaire) se transformèrent en de nombreux bataillons de tirailleurs » (Larousse). Or, remarquez la gradation suivie dans la composition des Commissions : 1re Commission, 72e demi-brigade (troupes de ligne), qui se récuse ; 2e Commission, 1er bataillon de la Gironde (volontaires), qui formule une demande de sursis ; 3e Commission, 2e bataillon de tirailleurs (belges). Beauchamp le constate : « La Commission militaire d’Auray ayant été cassée, de nouveaux juges furent choisis parmi les Belges et autres étrangers. » La tradition reconnue exacte, quant à la composition des Commissions, l’est donc aussi certainement en ce qui concerne les pelotons d’exécution, et spécialement en ce qui concerne l’attitude de la 19e demi-brigade. On ne saurait expliquer autrement pourquoi, de longues années après, les familles des victimes citaient encore avec un pieux souvenir, les noms de quelques-uns des officiers de cette demi-brigade, entre autres, MM. Pradal, Fayard et Saint-Clair et se faisaient un devoir de témoigner gratitude et sympathie à l’un d’eux qui s’était retiré à Vannes. M. de Closmadeuc, qui a été témoin des égards rendus à M. Pradal, ne veut pas qu’ils fussent mérités par l’attitude qu’on lui attribuait dans cette affaire ; sa raison d’en douter serait, autant qu’on peut l’apercevoir, que M. Pradal était devenu royaliste à la Restauration et avait été fait adjoint au maire de la ville. Ce n’est peut-être pas une raison péremptoire.