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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/340

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Hoche n’eut pas la crânerie de compter ces souvenirs parmi les plus glorieux de sa vie. Voici ce que raconte un écrivain d’après des témoignages directs :


« Un des Bretons qui se gêne le moins pour dire ce qu’il pense, le comte Sévère Leminthier, aujourd’hui colonel en retraite, alors émigré, chef d’insurgés, fut acquitté par un tribunal. Le général Hoche l’invitait à rester tranquille chez lui. — « Mais quelle garantie aurai-je de ma tranquillité ? demanda M. Leminthier.

    se comprend pas très bien, à diminuer le nombre des émigrés exécutés. Il semble qu’une conscience vraiment et fortement républicaine devrait éprouver quelques scrupules de céder à des préoccupations dans ce sens. Car enfin, si c’est œuvre méritoire de supprimer les ennemis de la République, la Convention a droit à d’autant plus d’éloges qu’elle en aura supprimés davantage. Tel était le sentiment du général Lemoine ; il l’exprime sans ambages dans une lettre à Hoche :
    « Vannes, 26 nivôse an IV républicain. — Mon cher général, conformément à votre désir, je vous envoie la liste des émigrés pris à Quiberon et qui ont été fusillés. Des malveillants diront peut-être que le nombre des fusillés est trop ou n’est pas assez grand. Peu importe aux amis des Loix !… Il serait à souhaiter que tous nos ennemis fussent aussi bien détruits que les émigrés qui ont échoué à Quiberon. — Lemoine. » (Lettre figurant en tête d’un tableau imprimé à Vannes, en janvier 1796, contenant l’état des condamnations, publié par M. de Closmadeuc, dans son ouvrage : Quiberon, p. 554.)
    Le représentant Guermeur exprime le même sentiment avec plus de littérature, mais aussi avec plus d’énergie. Il écrivait à son collègue Guezno, le 12 thermidor an III :
    « Topsent et Kergorlan m’ont confirmé ce que te mande Burge relativement à Mgr l’évêque de Dol et son saint clergé et au peureux chevalier Sombreuil. On dit qu’il y a 260 et quelques émigrés de marque sans compter les autres. Les condamnations se prononcent à Auray. Le Dol et ses acolytes ont été fusillés à Vannes… Hoche est en marche sur les Côtes-du-Nord. Puissé-je voir le dernier d’entre eux à son dernier soupir, moi-même en être cause, et mourir de plaisir. — Salut et fraternité, — Guermeur. » (Arch. de Vannes. Closmadeuc, Quiberon, p. 53.)