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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/346

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déshonorante dont a si promptement profité M. de Puisaye. L’abandon de mes compagnons d’armes eût été pire que le sort qui m’attend (je crois demain matin) ; j’en méritais un meilleur, vous en conviendrez avec tous ceux qui me connaissent, si le hasard laisse à quelques-uns de mes compagnons d’infortune les moyens d’éclairer l’univers sur cette journée, sans égale sans doute dans l’histoire, et sur la terreur d’une bande sans ordre, abandonnée par le chef en qui l’on avait mis toute sa confiance et qui dans sa sécurité inepte, n’admettait pas même qu’on l’engageât à prendre les mesures nécessaires à la sûreté générale qu’il a su si bien prendre pour lui.

» N’ayant plus de ressource, j’en vins à une capitulation pour sauver ce qui ne pouvait s’échapper et le cri général de l’armée m’a répondu que tout ce qui était émigré serait prisonnier de guerre et épargné comme les autres : j’en suis seul excepté. Beaucoup diront : Que pouvait-il faire ? D’autres répondront : Il devait périr. Oui, sans doute, je périrai aussi. Mais étant seul chargé du sort de ceux qui, la veille avaient vingt chefs, je ne pouvais qu’employer les moyens qu’on m’avait laissés, et ils étaient nuls : ceux qui les avaient préparés pouvaient m’éviter cette responsabilité. Je ne doute pas que le lâche ne trouve quelque excuse à sa fuite, mais je vous somme, sur les lois de l’honneur, de faire connaître cette lettre au public, et M. Windham voudra bien y ajouter celle que je lui ai écrite de Portsmouth. Adieu, je vous le fais avec le calme que donne seule la pureté de la conscience. L’estime de tous les braves gens qui, aujourd’hui, partagent