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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/375

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quelques soupçons. Il crut que le général partageait l’opinion insensée de certains royalistes qui s’occupaient de rompre la ligue de succession au trône, quand ils n’avaient pas de trône à offrir. Repoussant un tel hommage au nom du comte d’Artois dont il était l’ami, Rivière fait part à Charette des inquiétudes qu’éprouve le frère du roi et il sollicite vivement une explication sans ambiguïté sur des projets dont l’exaltation d’un petit nombre d’émigrés peut seule excuser la folie[1]. »


Certes, le mot de folie serait justement appliqué à un projet qui aurait consisté à faire roi le comte d’Artois, sans son aveu et contre sa volonté fermement exprimée. Mais n’y aurait-il pas folie plus grande encore à admettre l’existence d’un tel projet, formé et poursuivi dans de telles conditions ? Et conçoit-on qu’un écrivain comme Crétineau-Joly ait consenti à enregistrer sérieusement de pareilles sornettes ?

Il est bien établi et constaté, d’après les historiens les plus favorables à Louis XVIII, que Puisaye, que Stofflet, que Charette se montraient réfractaires à la proclamation de la royauté de Louis XVIII[2] ; qu’ils

  1. Crétineau-Joly et R. P. Drochon, t. 2, p. 419. Il est important de remarquer que Rivière n’en était pas à son premier voyage auprès de Charette.
  2. Beauchamp constate aussi que les royalistes paraissaient mal disposés pour Louis XVIII. Voici ce qu’il dit : « La mission de cet aide de camp du comte d’Artois (Rivière) avait eu pour objet, non seulement de réconcilier Charette avec Stofflet, mais encore de s’assurer des sentiments des Vendéens. Le bruit s’était répandu qu’ils se refusaient de reconnaître Louis XVIII. » (Hist. de la Vendée et des Chouans, édition 1820, t. 4, p. 27 .) Il mentionnait le fait, qui ne peut être mis en doute ; il ne s’était pas avisé de l’extraordinaire explication imaginée par Crétineau-Joly.