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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/55

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pommes à Saint-Malo, parvenu à la situation d’agent accrédité de Pitt. Ces détails ne sont pas sans intérêt : ils marquent assez bien les tendances très peu aristocratiques du mouvement royaliste dans les provinces de l’Ouest.

Dès sa première entrevue avec les ministres de Saint-James, Puisaye avait conquis leur confiance[1]. Il leur promettait de mettre en ligne cent mille hommes, d’entraîner à sa suite tous les contingents de l’Anjou, du Poitou, de la Vendée, du Maine et de la Normandie, de provoquer la désertion de corps entiers de l’armée républicaine et de rallier à la cause royale plusieurs généraux. Il affirmait notamment avoir les moyens de s’assurer le concours de Canclaux, l’ex-marquis de Canclaux, son ami d’autrefois, et même celui de Hoche.

Ces promesses étaient-elles fondées ? Après l’échec lamentable de l’entreprise, on a beau jeu à formuler le reproche de forfanterie et même d’imposture. Mais quand on aura pris la peine d’étudier les faits, on hésitera même devant le reproche d’exagération.

On verra que, quelques jours après le débarquement et malgré les circonstances qui, dès les premiers moments, avaient refroidi l’enthousiasme et paralysé l’élan, les rassemblements d’insurgés en armes pour la cause royale comptaient déjà certainement plus de

  1. Le départ de Puisaye pour l’Angleterre eut lieu le 23 septembre 1794. D’après une lettre de Frotté (publiée dans les Annales religieuses de 1863, p. 262), il serait revenu faire un tour en Bretagne, en décembre suivant. Cette indication concorderait assez avec des souvenirs transmis par la tradition locale et recueillis par M. Henry Céard, relatant sa présence à Quiberon vers cette époque.