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Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/65

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qu’il avait trouvé et des promesses qu’il avait obtenues ; n’eût-on reçu aucuns renseignements sur les enrôlements qui se faisaient pour l’armée royaliste et sur les armements qu’on poussait activement dans les ports d’Angleterre ; n’eût-on surpris aucun indice précis de la vaste organisation constituée pour le soulèvement de la Bretagne, on en eût été amplement averti par les symptômes de fermentation signalés dans les rapports officiels de plus en plus alarmants.

Dans cette situation, la nécessité de prévenir l’explosion imminente par une prompte et vigoureuse action militaire était d’une évidence aveuglante.

La Convention, qui avait de ce côté trois armées : celles de l’Ouest, des Côtes de Brest et des Côtes de Cherbourg, leur refusait les renforts nécessaires et instamment réclamés, les laissait sans approvisionnements, sans argent, sans pain. « Tout périssait ; le soldat affamé mangeait souvent de l’herbe[1]. »

Pour faire cependant quelque chose, le gouvernement fit le contraire de ce que devait célébrer plus tard un illustre imitateur de la Convention : Il ne fit pas deux armées d’une seule ; il en fit une de deux, en réunissant les armées des Côtes de Cherbourg et des Côtes de Brest. Mais en même temps, « il leur enlevait leurs meilleures troupes pour en grossir l’armée de l’Ouest[2] », c’est-à-dire qu’il dégarnissait la Bretagne, au moment où elle était terriblement menacée, pour renforcer la Vendée, où le péril était moins grand et moins imminent. Le commandement des deux armées réunies était donné à Hoche.

  1. Michelet, Histoire de la Révolution, p. 1971.
  2. Ch. L. Chassin, Hoche et Quiberon, p. 22.