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l’époque romantique.

les modèles qu’elle nous empruntait encore : elle nous offrait son romancero [1], qui faisait voir un moyen âge héroïque et parfois féroce, ardemment ou durement chrétien, pittoresque et familier dans le sublime et l’extraordinaire.

Il faut tenir compte surtout d’un certain nombre d’ouvrages qui, dans les premières années de la Restauration, aidèrent l’imagination de nos artistes et de nos poètes à sortir de l’antiquité classique et du xviie siècle, à renouveler les idées et les formes de la littérature. C’étaient des traductions d’ouvrages étrangers, des recueils de chants populaires ou d’anciennes poésies, des études d’histoire littéraire, des voyages : toute l’Europe, pour ainsi dire, de la Grèce à l’Écosse, et toutes les œuvres modernes, des troubadours à Byron, investirent l’idéal classique et le dépossédèrent [2]. Nos littérateurs, qui n’étaient pas en général des érudits, ni très savants aux langues étrangères, eurent ainsi pour instructeurs les

  1. J. Grimm. Selva de romances viejos, 1815 ; Depping, autre romancero, 1817 ; Bohl de Faber, autre, 1821 ; A. Duran, romancero general, 1822 (réimp. et augm., coll. Ribadeneira, Madrid, 1855, 2 vol. gr. in-8).
  2. Voici une simple liste qui nous aidera à comprendre sous quelle pression du milieu a éclaté la poésie romantique :

    1809. B. Constant, Wallenstein, tragédie, avec Quelques réflexions sur la pièce de Schiller et le théâtre allemand, in-8.

    1814. A.-G. Schlegel, Cours de littérature dramatique, trad. par Mme Necker de Saussure, 3 vol. in-8.

    1814 et 1823. Creuzé de Lesser. Romances du Cid (en vers).

    1816-21. Raynouard, Choix de poésies originales des troubadours, 6 vol. in-8.

    1817. W. Scott, Des troubadours et des cours d’amour, in-8.

    1821. Guizot, trad. de Shakespeare (révision de Letourneur).

    1821. Barante, Théâtre de Schiller, 6 vol. in-8.

    1822-1825. Pichot, trad. de Byron.

    1822. Abel Hugo, Romances historiques (en prose), in-12.

    1823. Fauriel, trad. des tragédies de Manzoni, in-8.

    1824. Lœve-Veimars, Mélanges littéraires, politiques et morceaux inédits de Wieland, in-8.

    1825. — trad. d’Obéron du même, in-32.

    1824-25. Fauriel. Chants populaires de la Grèce moderne, 2 vol. in-8.

    1825. Pichot, Essais sur lord Byron, in-8.

    1825. Lœve-Veimars, Ballades, légendes et chants populaires de l’Angleterre et de l’Écosse, in-8.

    1825. Pichot, Voyage historique et littéraire en Angleterre et en Écosse, 3 vol. in-8 (réimpr. 1826, 3 vol. in-12 ; il y a des chapitres sur le pays, les peintres, le théâtre depuis Shakespeare, Cowper, les Lakistes, Moore, Byron, W. Scott, Shelley, etc.

    1826. J. Cohen, Tableau de la Grèce en 1825.

    1827. E. Quinet, Idées sur la philosophie de l’histoire de Herder, 3 vol. in-8.

    1828. Villemain, Tableau de la littérature au moyen âge, leçons faites précédemment en Sorbonne.

    1828. Sainte-Beuve, Tableau de la poésie française au xvie siècle, in-8.

    1828. Nodier, Faust, drame en trois actes.

    1828. Gérard de Nerval, le Faust de Gœthe.

    1828. E. Deschamps, Études françaises et étrangères (la Cloche de Schiller, le Romancero de Rodrigue, etc.).

    1829. A. Deschamps, la Divine Comédie de Dante.