Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 2.djvu/394

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elle indique, de plus, une diminution dans la densité des couches du sphéroïde terrestre, depuis le centre jusqu’à la surface, sans nous instruire cependant de la véritable loi de cette diminution, dont l’existence est prouvée d’ailleurs soit par la stabilité de l’équilibre des mers, soit par le peu d’action des montagnes sur le fil-à-plomb, soit enfin par les principes de l’Hydrostatique, qui exigent que, si la Terre a été primitivement fluide, les parties voi\sines du centre soient en même temps les plus denses.

Ainsi chaque phénomène dépendant de la figure de la Terre nous éclaire sur la nature du rayon terrestre, et l’on voit qu’ils sont tous parfaitement d’accord entre eux. Ils ne suffisent pas, à la vérité, pour nous faire connaître la constitution intérieure de la Terre ; mais ils indiquent l’hypothèse la plus vraisemblable, celle d’une densité décroissante du centre à la surface. La pesanteur universelle est donc la vraie cause de ces phénomènes, et, si elle ne s’y manifeste pas d’une manière aussi précise que dans les mouvements planétaires, cela vient de ce que les inégalités de la force attractive des planètes, qui tiennent aux petites irrégularités de leur surface ou de leur intérieur, disparaissent à de grandes distances, et ne laissent apercevoir que le simple phénomène de la tendance mutuelle de ces corps vers leurs centres de gravité.

L’hypothèse de Bouguer, que nous avons examinée dans le no 33 du Livre III, donne ou ce qui s’éloigne trop de la limite pour être admissible ; ainsi les phénomènes de la précession et de la nutation concourent avec les observations du pendule à faire rejeter cette hypothèse.


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