Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 5.djvu/121

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des pressions que chacun des gaz exercerait séparément s’il existait seul dans le même espace. On peut donc concevoir le mélange comme un gaz simple dont chaque molécule serait un groupe infiniment petit de molécules des divers gaz, mêlées dans la même proportion que dans le mélange total. Cette manière de considérer le mélange dans l’état d’équilibre peut encore s’étendre à l’état de mouvement.

En appliquant les considérations précédentes au mouvement des gaz, je donne les équations différentielles de ce mouvement. Elles diffèrent essentiellement des formules connues en ce qu’elles contiennent les forces qui résultent du développement de la chaleur par l’accroissement de densité des diverses parties des gaz en mouvement. Ces forces n’ont aucune influence sensible sur les mouvements de l’air considéré en masse, tels que ses oscillations produites par les attractions du Soleil et de la Lune sur l’atmosphère ; mais elles ont une influence considérable sur ses vibrations. Dans le mélange de plusieurs gaz, les molécules d’un gaz ne sont pas assujetties aux mêmes forces que les molécules d’un autre gaz ; mais ces molécules s’entraînent mutuellement, comme si le gaz composé était formé d’une infinité de groupes dans lesquels les molécules des gaz seraient en même proportion que dans le mélange et, de plus, liées fixement entre elles. Il arrive ici la même chose que pour un corps solide formé de substances magnétiques et non magnétiques : l’adhérence mutuelle des molécules fait que les molécules non magnétiques sont entraînées par l’action d’un aimant avec les molécules magnétiques. On a vu que, dans le mélange des gaz, les molécules de chaque gaz tendent, par la répulsion réciproque de leur calorique, à se répandre également dans toutes les parties de l’espace. Cette tendance, d’un ordre de forces très-supérieur à celui des forces qui font vibrer les molécules des gaz, les empêche de se séparer dans leurs mouvements.

L’application la plus importante que l’on ait faite des équations du mouvement des fluides élastiques est relative à la vitesse du son dans l’atmosphère. Newton est le premier qui s’en soit occupé, dans son Ouvrage des Principes mathématiques de la Philosophie naturelle ; sa