Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 5.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

genre, qui donnent le rapport des deux chaleurs spécifiques égal à Ainsi le produit de la formule newtonienne par la racine carrée de ce nombre est la vitesse du son.

Pour comparer cette vitesse à la nature, il fallait en répéter l’expérience d’une manière très-précise et en ayant égard à la pression de l’atmosphère, à sa température et à son état hygrométrique ; car, si les observations précises font naître les théories, la précision des théories provoque à son tour la précision des observations. L’expérience faite en 1738 par les académiciens français, quoique la meilleure, laissait beaucoup à désirer sous ces rapports. Le Bureau des Longitudes a bien voulu, sur ma proposition, répéter cette expérience, dont le résultat ne diffère que de mètres de celui de ma formule.

Les nombreuses expériences de MM. Gay-Lussac et Welter s’étendent depuis la température de jusqu’à celle de et depuis la pression de atmosphères jusqu’à la pression de d’atmosphère ; elles donnent le rapport des deux chaleurs spécifiques de l’air, à très-peu près constant dans ces grands intervalles. Par la nature de ces expériences, le rapport qu’elles déterminent est toujours un peu moindre que le véritable, et la différence doit augmenter quand la pression diminue. De nouvelles expériences feront connaître s’il faut attribuer à cela les anomalies observées. Mais, si la constance de ce rapport n’est pas rigoureuse, elle est du moins fort approchée, et l’on peut l’adopter, sans erreur sensible, dans les calculs sur l’action de la chaleur de l’air et des gaz. Il en résulte que ma formule de la vitesse du son s’étend à toutes les élévations au-dessus du niveau de la mer, et c’est ce que confirme l’expérience de cette vitesse faite par les savants français et espagnols envoyés au Pérou, en 1740, pour y mesurer un degré du méridien. Ils ont trouvé à Quito, élevé de mètres au-dessus du niveau de la mer, la vitesse du son que l’on a déterminée à ce niveau.

Si l’on suppose le rapport des deux chaleurs spécifiques des gaz rigoureusement constant, on obtient la chaleur absolue de leurs molécules, exprimée par une fonction arbitraire, dont la forme la plus