Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 5.djvu/125

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simple est une constante, plus une autre constante divisée par la densité du gaz et multipliée par sa pression élevée à une puissance égale au rapport de la chaleur spécifique de ce gaz sous un volume constant à sa chaleur spécifique sous une pression constante. Cette expression fort simple satisfait à très-peu près aux diverses expériences que l’on a faites jusqu’à présent sur les phénomènes de chaleur des gaz dans leur compression et dans leur refroidissement, et des vapeurs en passant à l’état liquide.

Les principes précédents appliqués aux atmosphères donnent les lois de leur équilibre et de leur pression aux diverses hauteurs, ainsi que la vitesse du son dans toutes les directions. Les molécules atmosphériques sont contenues par l’attraction du corps qu’elles environnent. Elles s’étendent au-dessus de sa surface jusqu’à une limite qu’il est impossible d’assigner, et qui dépend du poids de chaque molécule, de la force révulsive de son calorique et du décroissement de la température. Mais on conçoit facilement l’existence de cette limite. Si l’on considère la lumière du Soleil comme produite par les vibrations qu’il excite dans une atmosphère qui l’entoure, mes formules donnent sa vitesse, qui n’est pas un sept-centième de celle que l’on observe. Il faut donc, si la lumière consiste dans les vibrations d’un fluide éthéré, que ce fluide soit comprimé dans les espaces célestes par des forces bien supérieures à celles qui retiennent les atmosphères. Nous ne voyons rien dans ces espaces qui puisse produire une semblable compression.

Les physiciens qui se sont occupés avec le plus de succès de la théorie de la chaleur ont admis l’émission du calorique par les molécules des corps. Ils ont expliqué par là, d’une manière heureuse, l’égalité de température dans tous les points d’un espace dont toutes les parties de l’enveloppe sont à la même température et la réflexion du froid par les miroirs concaves. Ils ont déterminé les lois de la propagation de la chaleur dans les corps solides. Les phénomènes les ont conduits à distinguer deux espèces de chaleur, l’une libre et l’autre latente. La théorie précédente ajoute à ces suppositions celle du calorique retenu dans chaque molécule par l’attraction de cette molécule