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MÉCANIQUE CÉLESTE

avait approfondie pendant un long séjour à la Chine. Dans le ve siècle avant notre ère, les astronomes chinois placèrent le solstice d’hiver au commencement de la constellation chinoise nieou, dont la première étoile était ϐ du Capricorne. Il est fort vraisemblable, dit le savant et judicieux Gaubil, que ces astronomes, en comparant cette position du solstice d’hiver avec celle que Tcheou-Kong lui avait assignée et qui leur était bien connue, remarquèrent le mouvement rétrograde des solstices par rapport aux étoiles ; mais rien dans l’Astronomie des Égyptiens, des Chaldéens et des Grecs n’indique que ces peuples aient eu connaissance des observations chinoises. Il faut descendre de huit siècles depuis Tcheou-Kong pour avoir’des observations de leurs astronomes sur la position sidérale des équinoxes. Aristille et Timocharis, premiers observateurs de l’école d’Alexandrie, déterminèrent la position de plusieurs étoiles par rapport à l’équinoxe du printemps, et ce fut en comparant leurs observations aux siennes qu’Hipparque reconnut le changement de la position équinoxiale des étoiles, changement que les Égyptiens et les Chaldéens paraissent avoir ignoré. Les périodes que les Chaldéens assignaient aux mouvements sidéraux du Soleil, de la Lune, de ses nœuds et de son périgée, périodes que Geminus et Ptolémée nous ont transmises, supposent une année sidérale de la même que l’année tropique admise généralement par les anciens astronomes ; ils ne supposaient donc pas dans les étoiles un mouvement par rapport aux équinoxes. Ptolémée, qui pouvait mieux que nous connaître ce que l’on avait avant lui pensé sur cet objet, dit expressément qu’Hipparque soupçonna le premier ce mouvement, et qu’il y fut conduit uniquement par la comparaison de ses observations avec celles d’Aristille et de Timocharis. Hipparque reconnut que, depuis le temps de ces astronomes, les étoiles s’étaient avancées en longitude, comptée de l’équinoxe du printemps, de degré sexagésimal par siècle, sans changer de latitude au-dessus de l’écliptique, ce qu’il expliqua en faisant mouvoir la sphère des étoiles autour des pôles de l’écliptique. Ptolémée confirma par ses propres observations la découverte d’Hipparque ; mais, ayant conclu de ses ob-