Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 5.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
275
LIVRE XIV

servations défectueuses des équinoxes la même durée de l’année tropique qu’Hipparque avait donnée, il dut retrouver, et il retrouva en effet, le même mouvement des étoiles en longitude. Les astronomes arabes rectifièrent ce mouvement ; ils remarquèrent l’inexactitude des équinoxes de Ptolémée. En comparant ceux qu’ils observèrent avec les équinoxes d’Hipparque, ils donnèrent une durée de l’année tropique plus exacte que celle qui fut depuis déterminée par Copernic, et ils en conclurent le vrai mouvement des étoiles en longitude.

Copernic, ayant substitué les mouvements réels de la Terre aux mouvements apparents des astres, expliqua la précession des équinoxes par un mouvement des pôles de la Terre autour des pôles de l’écliptique, ce qui maintenant est généralement admis ; mais il ne s’occupa point de la cause de ce mouvement, se bornant à démêler, dans les mouvements apparents des astres, ce qui est dû aux mouvements réels de la Terre. Kepler, porté par une imagination active à la recherche des causes, essaya de découvrir celle de la précession des équinoxes ; après diverses tentatives, il avoua l’inutilité de ses efforts.

Il était réservé à Newton de nous faire connaître la cause de ce phénomène, en la rattachant à sa découverte de la pesanteur universelle, dont il est l’un des plus curieux résultats et l’une des plus fortes preuves. Après avoir reconnu par sa théorie l’aplatissement de la Terre et la cause du mouvement des nœuds de l’orbite lunaire. Newton, considérant le renflement graduel du sphéroïde terrestre, des pôles à l’équateur, comme le système d’un nombre infini de satellites, vit bientôt que l’attraction solaire devait faire rétrograder les nœuds des orbites qu’ils décrivent, comme elle fait rétrograder les nœuds de la Lune, et que l’ensemble de ces mouvements devait produire un mouvement rétrograde dans l’intersection de l’équateur de la Terre avec l’écliptique. Voici comment il détermine ce mouvement.

Ce grand géomètre, supposant la Terre homogène, la conçoit formée 1o d’une sphère intérieure dont le diamètre est l’axe des pôles, 2o de l’excès du sphéroïde terrestre sur cette sphère. Il imagine d’abord cet excès réuni autour de l’équateur sous la forme d’un anneau détaché