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LIVRE XIV.

CHAPITRE III.
des anneaux de saturne.

Notice historique des travaux des astronomes et des géomètres sur cet objet.

Galilée observa le premier l’anneau de Saturne. Il le vit, dans ses faibles lunettes, sous la forme de deux corps lumineux contigus à deux parties opposées de la surface de la planète. Quelquefois Saturne lui parut rond comme les autres planètes. Ces apparences singulières furent ensuite observées par d’autres astronomes. Enfin Huygens, les ayant suivies au moyen d’excellents objectifs qu’il avait construits lui-même, en découvrit les lois et la cause. Il fit voir que Saturne est environné d’un anneau large et d’une très-mince épaisseur, suspendu autour de lui à une petite distance et incliné à son orbite d’un douzième environ de la circonférence, ce qui lui donne une forme apparente elliptique. Cet anneau disparaît toutes les fois que le Soleil ou la Terre traverse son plan ; il ne nous transmet alors de lumière que par ses bords, trop minces pour être aperçus. L’accord de cette théorie avec toutes les disparitions et toutes les réapparitions de l’anneau observées depuis Huygens ne laisse aucun doute sur sa réalité. Jacques Cassini reconnut la division de l’anneau en deux anneaux distincts. Short crut en apercevoir un plus grand nombre. Mais Herschel, avec ses puissants télescopes, qui lui ont toujours fait voir les bords éclairés de l’anneau lorsqu’il avait disparu pour les autres observateurs, n’y a vu, comme Cassini, que deux anneaux situés dans un même plan,