Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 5.djvu/334

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séparés par un très-petit intervalle, et dont l’extérieur a moins de largeur et une lumière moins vive que l’intérieur. Dans le mois de juin 1790, il présenta à la Société Royale de Londres une série d’observations, d’où il conclut la durée de la rotation de l’anneau intérieur de Saturne d’environ dix heures et demi-e sexagésimales. Il avait présenté à la Société Royale, en novembre 1789, une suite d’observations qui lui donnaient la durée de la rotation de Saturne presque égale à celle de l’anneau, et plus petite seulement de seize minutes sexagésimales. Ces deux résultats ont été publiés dans le Volume des Transactions Philosophiques pour l’année 1796, et qui parut en 1791.

Maintenant, par quel mécanisme les anneaux de Saturne se maintiennent-ils suspendus autour de la planète ? S’ils l’étaient par la seule force de cohésion, leurs diverses parties se détacheraient à la longue les unes des autres et finiraient par se précipiter sur Saturne ou par former autant de satellites, et, comme cela n’est point arrivé, il est naturel d’en conclure que leur suspension repose principalement sur les lois de l’équilibre des fluides. C’est ainsi que Maupertuis les a considérés, dans l’explication ingénieuse de ce phénomène qu’il a donnée dans son Discours sur la figure des astres. Il conçoit chaque molécule d’un anneau fluide sollicitée vers le centre de la planète et vers un point intérieur de la figure génératrice de l’anneau : je nomme ainsi la section de l’anneau par un plan mené perpendiculairement à son plan et passant par le centre de Saturne. En combinant ces deux tendances de la molécule avec la force centrifuge due à une rotation de l’anneau dans son plan autour du centre de Saturne, il détermine la figure que l’anneau doit prendre pour l’équilibre de toutes ses parties. Mais, dans la nature, chaque molécule de l’anneau ne tend point uniquement vers deux points ; elle a un nombre infini de tendances vers les autres molécules de l’anneau et vers la planète. C’est en combinant toutes ces tendances avec la force centrifuge qu’il faut déterminer la figure d’équilibre de la section génératrice de l’anneau. Tel est le problème que je me suis proposé dans un Mémoire inséré dans le Volume des Mémoires de l’Académie des Sciences de 1787, qui parut au mois