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MÉCANIQUE CÉLESTE.

qui n’étaient pas encore connues ; mais ensuite elle fut généralement admise, et Bradley fonda sur elle sa théorie de l’aberration des astres.

Bradley indiqua le premier la principale inégalité du retour des éclipses du premier satellite, dont la période est de jours. Il reconnut qu’il existe, dans les retours des éclipses du second satellite, une inégalité dont la période est la même.

Wargentin, dans les Mémoires d’Upsal pour l’année 1743, a développé ces inégalités, et il en a reconnu une pareille dans le mouvement du troisième satellite. Il avait encore remarqué, dans le mouvement de ce dernier astre, deux équations du centre ; mais ensuite il les a réduites à une seule équation d’une excentricité variable. Enfin Bradley reconnut, en 1717, l’ellipticité de l’orbe du quatrième satellite. Telles sont les inégalités des satellites que les astronomes ont déterminées par les observations, avant que le principe de la pesanteur universelle eût été appliqué à leurs mouvements.

Le retour des éclipses et leurs durées dépendant surtout de la position des orbites des satellites sur celle de Jupiter, les astronomes se sont spécialement occupés de l’inclinaison de ces orbites et du mouvement de leurs nœuds ; mais les variations de ces éléments sont si compliquées qu’ils n’ont donné que des moyens empiriques et très-imparfaits pour les représenter. Ils ont trouvé que l’on pouvait supposer fixes, à très-peu près, l’inclinaison et le nœud de l’orbite du premier satellite. L’inclinaison de l’orbite du second satellite leur a paru variable, dans une période de trente ans environ ; le nœud leur a paru fixe ou n’avoir qu’un très-petit mouvement. Ils ont supposé l’inclinaison de l’orbite du troisième satellite variable dans une période d’environ cent trente-deux ans, et le nœud fixe. Enfin, ils ont supposé fixe l’inclinaison de l’orbite du quatrième satellite, et le mouvement du nœud direct et d’environ 4 minutes sexagésimales par année. L’incertitude de ces suppositions, que les observations ultérieures ont obligé de modifier, faisait sentir la nécessité d’éclairer tous ces phénomènes par l’application du principe de la pesanteur universelle, qui devait en recevoir une grande confirmation. Déjà Bradley et Wargentin